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Si l'art était conté... - Page 5

  • Si les lecteurs parlaient

     

         Je ne peux résister à l’immense plaisir que m’a causé mon amie Diana Auzou sur le réseau littéraire Babelio.

         À quelques jours d’intervalle, elle a lu et chroniqué mes deux recueils de nouvelles en images parus dans une collection que j’ai appelé : « Si les œuvres parlaient » et qui reprendra en série d’éventuels futurs nouveaux recueils.

     

    Conter la peinture

    12 juillet 2021

    Au bout du pinceau des histoires se racontent, au bout de la plume elle continuent à vivre.
    Alain Yvars nous raconte ces histoires. Comment ? En nous invitant à faire un voyage à l'intérieur de la peinture en copains qu'elle aime accueillir, en amis de longue date qu'elle est contente de revoir. C'est chaleureux et très intime.
    Découvrir et redécouvrir la peinture avec le même bonheur, car l'enthousiasme est le même pour le novice comme pour l'averti. Si je le dis, c'est que c'est vrai, car ceux à qui j'ai fait découvrir ce livre, tous très loin de la peinture, se sont rapprochés avec curiosité, intérêt et un énorme plaisir. Alain conte la peinture en tant que peintre, ami, hôte et complice.
    Modigliani, peintre maudit, a quitté la vie à 35 ans, mais nous a laissé une vie intense qui se dégage des ses corps stylisés et dépouillés, des regards qui gardent les secrets mélancoliques de quelques rêves non avoués.
    Alain, notre hôte et guide, tu nous racontes les couleurs : de loin, certaines sont "des taches floues baignées d'ombre et de lumière", dans la Nuit d'été de Winslow Homer, de près, elles se transforment en jeunes filles, et comme elles, nous lecteurs sommes aussitôt transfigurés. La beauté peut être si proche et, avec elle, la poésie. Timides et silencieuses elles nous murmurent : ouvrez les yeux et la porte de vos sens, laissez-les se balader entre lignes, lumières, et couleurs, à l'intérieur des histoires de fougue, de douleur, d'exaltation, d'attente patiente, d'acharnement, de don de sa vie à la peinture, de passion. Ecoutez avec le coeur.
    Liée depuis la nuit des temps au destin de l'homme, et sûrement pour longtemps encore, la peinture n'a rien perdu de son mystère, elle nous appelle depuis la grotte d'Altamira, depuis des siècles qui se sont écoulés, des chefs d'oeuvres du passé restent nos contemporains.
    Vermeer et le monde de l'intime, à peine dévoilé, souvent laissé avec son secret. A pas de velours, je suis Alain jusque dans la pièce où la femme n'ouvrira jamais la lettre d'amour. Malicieux, Alain nous prête la curiosité de l'enfant qui regarde par la serrure de la porte et nous fait découvrir la construction et la composition de la toile, les couleurs qui n'ont rien perdu de leur harmonieuse beauté, et la lumière, magique. Ça fait de longues années depuis ma dernière visite au Rijksmuseun, à Amsterdam, et là j'y suis, j'entre dans l'histoire, je veux apprendre plus et j'y crois, je suis spectateur et acteur à la fois.
    Toujours sans souffle devant l'immense peinture des Nymphéas de Monet. Tellement intime. La salle de l'Orangerie est arrondie, les murs ont reçu le don de Monet. L'hypnose est totale. A nouveau me revient en mémoire la silencieuse puissance de la peinture. Peindre l'instant, si fugitif, si changeant, et l'enlacement avec d'autres qui viennent et s'en vont, tout aussi éphémères. "La couleur se libère dans une vaste abstraction." La peinture, avant toute chose, est une émotion, elle touche, secoue, arrête le souffle, donne la chair de poule et bien des fois arrache une larme, celle que la beauté a touchée.
    Saskia, la femme de Rembrandt est très malade. le temps, lui laissera-t-il le bonheur de voir le tableau terminé ? La ronde de nuit.
    Samuel, un des élèves du maître, exprime avec conviction son excitation intérieure :
    "- Cette oeuvre survivra à toutes les autres !... Vivacité... puissance... lumière... ce dynamisme, cette furie gestuelle qui emporte votre tableau !"
    La peinture de Rembrandt me touche au plus profond par tout ce qu'elle dépasse, le sublime. Elle nous regarde depuis un lointain passé, elle est notre contemporaine et elle nous survivra.
    Et Alain, toujours avec ses lecteurs, s'extasie devant cette harmonieuse discordance où chaque élément, - masse de peinture, lignes, couleurs - est mis en valeur par l'ensemble, la lumière est plus éclatante, plus subtile, plus surprenante et plus émouvante quand elle est entourée d'obscurité, quand elle prend naissance de l'ombre.
    Regarder l'harmonie des formes et des couleurs, peser le poids, en valeur rajoutée, du vide rehausseur d'équilibre, entrer dans le rythme intérieur et la musique silencieuse, aucunement muette d'une toile, la regarder de près, pour le détails surprenants et la facture, et de loin pour se laisser combler par l'ensemble de sa force ou de sa douceur, écouter sa poésie ou son cri de désespoir.
    Je sens le grincement des dents d'Alain devant l'injuste procès qu'a dû subir la toile de Whistler Nocturne en noir et or.
    Les phrases prennent le rythme du cancan, courent, tourbillonnent s'essoufflent autour des jambes, rubans, soies et dentelles et... d'un seul coup se figent devant la Mélinite, l'impériale 
    Jane Avril. Gros plan. Le trait de Lautrec est précis, "il fixe sur le papier l'arabesque du geste, l'acuité des regards, l'expression des visages rougis par l'effort."
    La Goulue arrive aussi, "saute en l'air et retombe sur le sol les jambes cassées en deux parties", après, elle se relève et "d'un geste soudain, elle soulève ses jupons jusque la taille. La Goulue guette sa proie... ses petits yeux durs se plantent sur un homme en habit et haut de forme... Il hurla de bonheur lorsqu'elle lança sa bottine en avant en lui montrant ses dentelles. De la pointe du pied, elle fit sauter son chapeau comme un bouchon de champagne."
    "Le public était de feu ce soir !"
    C'est la fin du spectacle, les lumières s'éteignent, Monsieur Lautrec sort du Moulin Rouge pas avant de jeter "un regard possessif vers la salle enfumée. Elle lui appartient... C'est lui le maître des lieux..."
    Ta plume, Alain, est dans l'histoire de la peinture, dans la vie des peintres et de leurs modèles. Ton écriture chante, danse et dessine, s'émeut surtout au souvenir d'une vie de génie, de ses joies et de ses malheurs, de la création qui en est née et qui vit encore. La silencieuse puissance de la peinture nous happe et nous nous laissons aller avec bonheur. Un héritage à garder précieusement.
    Cher Alain, maître-ami, un très grand merci !

     

     deux petits tableaux

     

     

    08 juillet 2021

    Comment décrire un grand moment de plaisir ? Celui de l'amitié, du livre, de la peinture, d'un humour qui pointe son nez, des clins d'oeil à attraper au vol, et d'une complicité que j'ai partagée tout au long de la lecture et bien après.
    C'est le livre d'Alain Yvars Deux petits tableaux qui m'a offert tout ça. Avant de l'ouvrir, la couverture, douce et veloutée, m'a parlé un moment dans un silence mystérieux de cette oeuvre sublime et de son créateur, m'a rappelé les centaines de fois que je suis allée la regarder, avec beaucoup de monde autour ou quand la salle se dépeuplait, au moment de la fermeture du musée.
    Alain Yvars, en bon guide, m'a prise par la main pour me faire redécouvrir cette merveille de peinture, où l'intime et l'émotion sont très profonds et parlent tout bas : La dentellière de Vermeer. La magie opère à nouveau, car Alain a l'oeil, le regard du peintre, et cet arrêt du coeur quand la beauté est au rendez-vous.
    L'Astronome n'est pas loin, il tient compagnie à La Dentellière, deux oeuvres sublimes de lumière, le souffle est coupé.
    Les pages arrêtent de tourner, mais Alain m'entraîne, les peintres nous attendent, me dit-il. Renoir est présent, en pas de danse à Bougival, et au bal sur la Butte avec une bande de copains. Grâce et jeux de lumières. Nous sommes électrisés.

    Le noir joyeux de Manet, somptueux et sensuel reste dans les souvenirs les plus chers de Berthe Morisot. le "barbouillage malpropre et barbare" du peintre génial est resté comme un des plus grands tournants dans la peinture française.
    Alain Yvars est fasciné et fascinant, sa passion pour la peinture, pour la création de la beauté est sans limites. Il nous la transmet, et partage avec nous, amis lecteurs, connaissances, émotions, regards, nous sommes complices et copains avec les peintres qui nous accueillent, ce n'est que naturel. Nous sommes dans la peinture avec ses créateurs. Visite inespérée.
    Alain est acteur et spectateur à la fois et invite tout un chacun à se joindre à lui et partager ses émotions dans le monde des pinceaux géniaux, d'une matière qui garde son parfum, sa sensualité, son éclat, et son histoire.
    Delacroix et sa fougue, ses touches nerveuses s'enflamment comme lui et comme nous, et accompagnent La liberté guidant le peuple.
    Le cri de Vincent van Gogh est ressenti par L'église d'Auvers, "elle souffre cette église,... dégage comme une douleur, elle se plaint... On dirait qu'elle veut parler, exprimer quelque chose sans y parvenir... La force des couleurs et des lignes déformées lui donnait un rythme... la présence passive de la paysanne... donnait vie à son église. Celle-ci était humaine : un être fait de chair et de sang."
    Mon commentaire là-dessus serait superflu.
    Le Cirque de Toulouse Lautrec nous rappelle la virtuosité exceptionnelle de son crayon, la maîtrise de son art et, peut-être, les questions du peintre sur son propre monde, "celui d'un périlleux équilibriste tentant de comprendre son infortune, sa raison de vivre..."
    Arrivée à la dernière page je ferme le livre, ferme les yeux et sourit à tous ces génies, et à ce qu'ils nous ont laissé à nous héritiers chanceux et je remercie la plume d'Alain Yvars d'avoir créé ce moment de plaisir et de l'avoir partagé, et je souris à la bouffée d'amitié. Merci.
    C'est connu, mais je tiens à le mentionner, le geste admirable d'Alain : ses droits d'auteur sont versés à l'association Rêves qui soutient les enfants atteints de maladies graves.

     

         Que dire devant deux chroniques de ce niveau ?

        Elles confortent mes recherches depuis que j’écris sur l’art : parler de peinture autrement et simplement en laissant s’exprimer les peintres et leurs œuvres.
         Merci. Tu m’as touché, Diana.

     

     

  • Rêves d'horizons

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    « Je rêve ma peinture et je peins mon rêve » - Vincent van Gogh

     

           10 ans déjà !

        Le collectif d’auteurs « Les Anthologies Ephémères », géré par notre amie Quichottine, publie ce mois son nouveau recueil qui a pour nom : HORIZONS.

        L’aventure a débuté en 2011, avec des auteurs venus des pays francophones, France, Belgique, Canada… Le plus jeune avait 7 ans, la plus âgée écrit désormais pour ses arrières-petits-enfants.

         Cette année, ils sont 91 auteurs ou illustrateurs venus de « tous horizons », blogueurs ou non, qui bien souvent ne se connaissent pas, à offrir leurs textes, contes, poèmes, ou images, pour une seule raison, essentielle à leurs yeux : offrir à des enfants gravement malades un moment d’évasion, sous la forme d’un rêve auquel ils pensent depuis longtemps et qu’ils espèrent pouvoir réaliser.

         Pour que de nombreux rêves puissent se concrétiser, il faut évidemment réunir beaucoup d’argent. Tous ceux qui lisent mon article auront compris que l’argent récolté par la vente du livre « Horizons » sera entièrement reversé à l’association RÊVES (http://reves.fr).

     

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    Extrait de mon court récit inséré parmi les 91 auteurs :

    « Ouf ! Déjà quinze jours que cela dure ! J’en ai marre d’être couchée dans l’herbe, sur le ventre, à demi déshabillée. Quelle tenue ! À la demande du peintre, j’avais desserré mon corset et reposé ma tête nue sur mon châle. Il avait lui-même relevé le bas de ma jupe blanche à motif pour que mes jupons et mes bas apparaissent. « Je veux que l’on voie votre visage Hélène » ; « Gardez les yeux mi-clos, les bras étendus devant vous dans une pose alanguie », avait-il insisté. Je ressemblais à un mannequin renversé. »

     

         Afin de voir la joie illuminer le visage d’un enfant malade, vous pouvez acheter un ou plusieurs livres vendus au prix de 12 € directement sur le site de l’éditeur :

    https://www.thebookedition.com/fr/14551_les-anthologies-ephemeres-divers

     

    Merci pour les enfants.

     

    Facebook : ayvars

     

     

  • Peintres femmes

    « Jusqu’à présent on n’attendait de leur pinceau que de l’agrément et de la propreté ; elles montrent aujourd’hui de la vigueur et de la noblesse. Elles sont enfin les dignes rivales de notre sexe, et les hommes qui s’étaient attribué sur elles toute la supériorité des talents, peuvent désormais craindre la concurrence » - Commentateur du Salon de 1783

     

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    Nisa Villers - Portrait de madame Soustras, 1802, Louvre

     

         L’exposition « Peintres femmes 1780-1830 » vient enfin d’ouvrir ses portes jusqu’au 4 juillet prochain au musée du Luxembourg à Paris.

         Le petit « carnet d’expo » aux pages cartonnées que je feuillète tient peu de place. L’air de rien, il réussit le tour de force en une soixantaine de pages de nous présenter ces peintres femmes, et non femmes peintres insiste Martine Lacas la commissaire de l’exposition. Des dépliants judicieusement insérés à l’intérieur permettent de visionner une vingtaine de tableaux en couleur et en font un magnifique petit livre pour découvrir l’exposition.

     

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  • Deux petits tableaux

     

    peinture, nouvelles, oeuvres, Vermeer

     

     

         Un deuxième recueil de nouvelles DEUX PETITS TABLEAUX vient de rejoindre CONTER LA PEINTURE publié en 2020, et le roman QUE LES BLÉS SONT BEAUX en 2018.

         Qui n’a jamais rêvé de se laisser enfermer dans un musée pour retrouver cette sensation que provoque la vision d’une œuvre d’exception ?

         Et si, le temps d’une promenade avec eux, les grands peintres de l’histoire de l’art existaient à nouveau, un court instant, rien que pour vous…

     

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  • Comme il nous manque

     

    Brassens, chanson, Jeanne, copain d'abord

     

    Georges Brassens aurait été centenaire en cette année 2021.

     

    Chez lui, à Sète où il est né, les fenêtres étaient toujours ouvertes. Dans sa courette, sa mère Elvira chantait toute la journée. D’origine italienne, elle rêve que Georges soit notaire ou médecin.

    À 15 ans, Georges a déjà des poèmes en tête, comme celui de Pénélope, ci-dessous. Il les trouve minable et les brûle.

    « Que mon amante Pénélope

    Par à coups me fasse cocu

    Avec un marchand d’escalopes,

    La faim, ma foi je n’ai rien vu »

     

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  • Un portraitiste de génie

     

    « On voit un portrait en pastel, par un jeune homme nommé M. Perronneau qui est plein d’esprit et de vie, et qui est d’une touche si vigoureuse et si hardie qu’on le prendrait pour être d’un Maître consommé dans son Art. Que ne doit-on pas espérer de quelqu’un qui marque tant de talents dans ses premiers ouvrages ? ».

     

         Jean-Baptiste Perronneau, est encore méconnu en 1747, lorsqu’il expose au côté de Maurice Quentin de La Tour qu’il admire. 

         Afin de remercier son maître Gabriel Huquier qui vient de l'embaucher dans son atelier à Paris, il fixe ses traits au pastel. Ce « Portrait de Gabriel Huquier » traité dans une gamme chromatique presque monochrome est absolument éblouissant dans son exécution. Lorsque l’on regarde le pastel de près on peut remarquer la juxtaposition des tons posés par touches audacieuses qui donnent une belle harmonie à l’ensemble.

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    Jean-Baptiste Perronneau - Portrait de Gabriel Huquier, 1747, musée du Louvre, Paris

     

         Les frères Goncourt dans « L’art du dix-huitième siècle » en 1873 considèreront que Perronneau était un coloriste supérieur à La Tour. Ces gris souris… dans les fonds il font valoir les couleurs. Il faut reconnaître que, lorsque l’on voit ce superbe portrait de Gabriel Huquier, il est facile d’acquiescer avec les Goncourt car la main de Jean-Baptiste Perronneau est celle d’un virtuose. 

     

         Le 18ème siècle est le grand siècle du pastel. Les pastellistes étaient nombreux, surtout depuis la visite à Paris de la vénitienne Rosalba Carriera en 1720. Cette italienne avait révolutionné le petit monde de la peinture parisienne.

    Les deux plus grands pastellistes de l’époque sont incontestablement Jean-Baptiste Perronneau et Maurice Quentin de La Tour. Ils resteront rivaux durant de nombreuses années.

    Au Salon de 1750, selon Diderot, le pastelliste Maurice Quentin de La Tour aurait commandé son portrait à son jeune rival Perronneau, afin de le comparer avec un autoportrait exposé peint par lui-même, espérant ainsi battre son rival et prouver sa supériorité au public. Diderot critique sévèrement la vanité de La Tour et s’exclame : « Eh ! ami La Tour, n’était-ce pas assez que Perronneau te dît, tu es le plus fort ? ne pouvais-tu être content à moins que le public ne le dît aussi ? » Et pourtant la duperie ne fit résonner qu’avec plus de vigueur les qualités du pastel de Perronneau saisissant superbement l’âme du modèle.

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    Jean-Baptiste Perronneau - Portrait de Maurice Quentin de la Tour, 1750, musée Antoine-Lécuyer, Saint-Quentin

     

        Durant toute sa carrière, Perronneau représente la société du monde des lumières et portraiture les personnalités de l’aristocratie, du monde des arts ou de la bourgeoisie. L’harmonie des couleurs et la vivacité de la touche vont rapidement le distinguer, essentiellement dans la ressemblance et la vie qu’il donne aux personnages.

         De son côté, Maurice Quentin de la Tour, de par sa réputation ayant un quasi-monopole sur la représentation de la cour et de la haute-noblesse, ne permet guère à Perronneau de s’exprimer dans ce milieu. Celui-ci va donc, comme beaucoup des grands pastellistes de cette époque : Rosalba Carriera, Elisabeth Vigée-Lebrun, et d’autres, voyager dans toute l’Europe au gré des opportunités. Il finira d’ailleurs sa vie à Amsterdam.

     

         Le musée de Beaux-Arts d’Orléans a récemment acquis un chef-d'œuvre, l'effigie de Aignan Thomas Desfriches, ami et mécène de Perronneau. L'homme, saisi de trois-quarts, nous regarde d'un œil vif, avec ironie. La robe de chambre bleue damassée fait écho au regard non moins bleu réchauffé par le jaune du foulard entourant le cou. Superbe portrait de cet homme peint sans pose, avec un grand naturel.

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    Jean-Baptiste Perronneau - Portrait de Aignan Thomas Desfriches, 1752, musée des Beaux-Arts d’Orleans

     

         Essentiellement pastelliste, Perronneau peint également à l’huile. Son public a ses exigences : il désire être représenté tel que, sans flatterie, sans ces arrangement avec la vérité dans lesquels sombrent beaucoup de portraitistes de l'époque. Dans cette technique une de ses productions les plus admirables est le « Portrait de Madame de Sorquainville », exposée au Louvre, une œuvre majeure qui témoigne de sa virtuosité. Je vous la décris :

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    Jean-Baptiste Perronneau - Portrait de Mme de Sorquainville, 1749, musée du Louvre, Paris

     

         Etonnant portrait ! Cette dame ressemble à Voltaire… Le peintre a parfaitement rendu l’apparence malicieuse, insouciante de cette quadragénaire. Elle n’est pas belle et paraît faite pour le bavardage avec des mains effilées aussi spirituelles que ses yeux noirs et pétillants. Vêtue élégamment dans des bleus juxtaposés aux ocres, gris ardoise du fond, son sourire indéfinissable et ses lèvres nous dévisage ironiquement. On peut parler de chef-d’œuvre devant la virtuosité d’ensemble du tableau.

     

         Je vais me permettre de vous faire une recommandation : savourer le superbe portrait de la fille de Gabriel Huquier peinte deux années après son père « Marie-Anne Huquier tenant un petit chat » :

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    Jean-Baptiste Perronneau - Marie-Anne Huquier tenant un petit chat , 1749, musée du Louvre, Paris

     

        Il s’agit de l’œuvre la plus populaire de l’artiste. La délicieuse demoiselle est peinte en train de caresser son chat avec sensibilité et grâce. Je reconnais que la jeune fille est très jolie, mais l’attitude, la fraîcheur du coloris lui confère une beauté qui touche dès le premier regard. Comment ne pas remarquer la légèreté et la finesse de la touche dans les détails : rehauts de lumière dans l’ombre du cou, sur les lèvres, le nez, les cheveux, intensité des couleurs, agilité des doigts caressant le chat. La liberté de traitement dans les reflets et zigzags verts sur le cou et la joue, la beauté de la chair, le sang circulant sur la joue, sont remarquables de préciosité et de raffinement.

        La jeune fille dut apprécier son portrait lorsqu’elle le vit pour la première fois en 1749.

        Du grand art.

     

     

  • Un Saint Sébastien au Louvre

     

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    Georges de La Tour - Saint Sébastien soigné par Irène, 1649, musée du Louvre, Paris

     

         Un moment inoubliable !

        Je vous offre une confidence : une seule fois dans ma vie d’amateur d’art, je fus obligé de voir deux fois la même exposition : celle consacrée au peintre Georges de La Tour qui se tint au Grand Palais à Paris en 1998. La quasi totalité de l’œuvre connue de l’artiste était présente. Je vais vous conter la raison de ma seconde visite de l’expo.

     

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  • Femmes au jardin

     

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    Claude Monet - Femmes au jardin, 1867, musée d'Orsay, Paris

     

        Les lecteurs qui aiment Claude Monet doivent se procurer le très beau roman de Michel Bernard « Deux remords de Claude Monet », superbement écrit. Il est ce que j’ai lu de mieux sur l’artiste avec celui de Marianne Alphant « Une vie dans le paysage ».

        Je connais bien la peinture impressionniste et les personnages principaux du livre. Tout en gardant l’esprit et la trame de celui-ci, je m’en suis inspiré pour conter cette histoire.

     

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  • Meilleurs voeux 2021

     

    Klimt

    Gustav Klimt - Le baiser, 1908, Österreichische Galerie Belvedere, Vienne, Autriche

     

    Que vous dire ? Toujours les mêmes phrases me revenaient : santé, amour, bonheur, paix, culture, prospérité... J’étais à court d’idées originales…

    J'allais renoncer lorsque mon ami Victor Hugo est venu à mon secours. Il m’a soufflé l’essentiel, et il s'y connaît : ce qu’il faudra mettre en pratique au plus vite, sans attendre d'obscures décisions gouvernementales, dans le courant de cette nouvelle année :

     

     

    Oh ! de mon ardente fièvre

                

    Oh ! de mon ardente fièvre
    Un baiser peut me guérir.
    Laisse ma lèvre à ta lèvre
    S'attacher pour y mourir.

    Ta bouche, c'est le ciel même.
    Mon âme veut s'y poser.
    Puisse mon souffle suprême
    S'en aller dans un baiser !

     

    Victor Hugo - Recueil Dernière Gerbe (Posthume, 1902)    

     

  • Quichottine en Mère Noël

    Quichottine offre ses lectures de Noël en cadeau.

    J’ai eu la surprise de découvrir que mon dernier recueil de nouvelles CONTER LA PEINTURE en faisait partie. De plus, elle explique, mieux que je ne l’aurais fait, ma principale motivation dans la publication de ce recueil : Voir la peinture « autrement ».

    Si quelques lecteurs apprécient le talent insolite de Modigliani, la grâce de Vermeer, ou la poésie de Winslow Homer, mes récits auront modestement aidé à la connaissance de la beauté.

     

     

    Alain Yvars, Conter la peinture

     

    Ce livre ne pouvait que me plaire, moi qui aime tant lire les tableaux autrement qu’en historien de l’art.

     

    Couverture chez Amazon
    ISBN 9798611666593

     

     

    J’avais beaucoup aimé ma lecture précédente, vous vous en souvenez ?

    « Que les blés sont beaux » est un livre magnifique.

    J’écrivais alors, chez moi :

     

    “Si l’art m’était conté, j’aimerais que ce le soit comme chez lui…”

     

    Cette phrase tournait dans ma tête, ce matin. Et puis, je me suis demandé si l’on pouvait conter l’art, comme d’autres les fées, les dragons, les sorcières… ou les héros d’aujourd’hui, qui font souvent un peu peur tant ils semblent vrais.

     

    Je me le demandais… et Alain Yvars l’a fait.

    Conter la peinture assemble douze récits qui nous font entrer dans les toiles qu’il a choisies, à travers les reproductions des œuvres et des mots qui nous invitent à en suivre le moindre détail, mais sans aller trop vite ni s’ennuyer.

     

    [p.84_85]

     

    Un tableau ouvre chaque histoire, mais d’autres agrémentent souvent la suite du récit. Alain Yvars nous fait voyager, nous fait découvrir les sentiments que nous pourrions avoir en peignant… si nous avions le génie des peintres évoqués.

    Je n’aurais pas eu son talent, ses connaissances. Il donne vie à chaque peintre, à chaque époque.

    J’ai honte de dire que je ne me serais pas arrêtée sur certains tableaux si je ne l’avais pas lu.

    Vous savez bien que mes tableaux sont des coups de cœur, et que j’ai ma façon à moi de visiter les musées…

    Alain Yvars m’a donné envie de m’attarder davantage, même quand un tableau ne m’attire pas. Il y a toujours des secrets à découvrir.

    Il faudrait vraiment que les musées permettent aux visiteurs d’écouter les histoires imaginées à partir de chaque tableau exposé. Celles-ci sont un régal.

    Je crois que les avis de ses lecteurs sont unanimes, et je me joins à eux pour dire que son livre m’a énormément plu.

    Si vous vous interrogez sur l’auteur, que vous ne le connaissez pas, vous pouvez lire son portrait, sa page “auteur”, sur le blog de nos Anthologies.

    http://www.les-anthologies-ephemeres.fr/2017/09/alain-auteur.html

     

     

    Les peintres dont je parle dans ce recueil seraient heureux de voir que les bénéfices de ce livre sont intégralement reversés à l’Association Rêves aidant les enfants gravement malades.
    Un immense merci Quichottine.

     

     

  • Une idée pour Noël

    Noël, cadeaux, livres, Art

     

    Avez-vous terminé de remplir votre hotte de Noël ? Pour les hésitants, j’ai ma petite idée à ce sujet.

    Dans cette période où la culture passe au second plan, je suis persuadé que quelques livres d’art feraient plaisir à vos proches. J’ai ce qu’il vous faut :

    - Un roman : QUE LES BLÉS SONT BEAUX

    Vincent m’a aidé à l’écriture du livre en me racontant sa vérité à Auvers-sur-Oise, ses journées, sa technique et sa passion pour la peinture qui lui faisait dire : « Il y a du bon de travailler pour les gens qui ne savent pas ce que c’est qu’un tableau ».

    - Un recueil de nouvelles : CONTER LA PEINTURE

    Courtes fictions en images mettant en scène quelques grands peintres de l’histoire de l’art et leurs oeuvres.

     

    Je pense que ces publications seront d’autant mieux accueillies que tous les bénéfices résultant de leur vente sont intégralement reversés à l’association RÊVES venant en aide aux enfants gravement malades.

     

    Cliquez sur la couverture du livre souhaité dans la colonne de droite du blog.

     

    Encore merci pour les enfants. Plus que nous, ils ont besoin de rêver.

     

    Heureuses fêtes de fin d'année à tous.

     

    Alain


  • À fleur de mots

    Francine lg, photos, poèmes

     

         

    Et si la poésie nous apportait une lueur de vie dans un monde où la culture est laissée à l’abandon !

     

    J’ai déjà terminé les deux ouvrages que je me suis offert pour mon petit Noël. Après avoir présenté récemment le recueil de poèmes de Francette lg « Les couleurs du temps », je vous offre des extraits du second « À fleurs de mots » tout aussi agréable à lire.

          Le recueil d’aujourd’hui m’a attiré par le joli graphisme de sa couverture de coquelicots roses et rouges sur fond noir. Tout au long de ma lecture, j’ai cueilli, picoré, dans l’ordre ou le désordre de ma lecture, au fil de mes affinités. Les photographies prises par Francette dans sa belle région bretonne accompagnent à nouveau la poésie.

     

     

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