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Si l'art était conté...

  • Claude Monet sur le port du Havre

     

    Monet, Marmottan, impression

    Claude Monet - Impression, soleil levant, 1874, musée Marmottan, Paris

     

    Il s'agit du tableau-phare de l'impressionnisme : Impression, soleil levant, que Monet peignit au petit matin sur le port du Havre en 1874. Il est le symbole de ce nouveau style avant-gardiste, oeuvre majeure de l'exposition actuelle au musée d'Orsay.    

     

    " Le 13 novembre 1872, vers 7 heures du matin, installé sur le quai du Havre à une fenêtre de l’hôtel de l’Amirauté, Monet tourne la tête en direction du sud-est. Il est face à l’avant-port, en surplomb du quai et du bassin, et peint le lever du soleil qui s’offre à lui. Il observe le port industrialisé et la brume dissolvant les formes. Des grues indiquent des travaux d’agrandissement du quai sur la droite, une cheminée fume vers la gauche. L’eau et le ciel, noyés dans un gris perle, se distinguent à peine l’un de l’autre.
         L’artiste est particulièrement satisfait de ce petit tableau qu’il a saisi rapidement. « Il ne paye pas de mine », pense-t-il, mais il renferme tout ce qu’il recherche depuis ses débuts de paysagiste. Il y voit un condensé de sa vision de la nouvelle peinture : lumière changeante modifiant les couleurs, aspect vaporeux, sensation fugitive et éphémère des choses. "

     

    Extrait du roman Camille muse de Claude Monet, publié chez BOD

     

     

  • Marl'Aime une poétesse de talent

     

    Marl'Aime, poésie

     

    Mon ressenti récent sur le recueil poétique de Marl'Aime publié sur le site de Babelio

     

    « Mon incompréhension du monde actuel s'accroît sans répit ainsi que mes doutes à nous voir parvenir à réprimer les flots de ces penchants criminels, intégristes, vénaux, irrespectueux ou simplement stupides qui le polluent au quotidien. Cependant, je demeure combative car je peux désormais d'un revers de plume expulser ma révolte, faire levier de mes mots afin de libérer la pression sur mon coeur. »

    Voilà ce qu'écrit en guise de présentation de son recueil, Marlène Martinvalet dont le nom de plume est Marl'Aime.
    J'ai pensé au poète Stéphane Mallarmé en lisant. Comme celle de Mallarmé, la poésie de Marl'Aime est moderne, brillante, technique, intelligente. Elle aime nous faire découvrir des mots rares, pour la rime, le coup de coeur, mais aussi pour leur musicalité, leur esthétique.
    Certains poèmes m'ont été énigmatiques, leur langage résistant à la raison de ceux que je lis habituellement. Toutefois, j'ai senti dans ces quatrains et autres sonnets somptueusement écrits, une vibration dans les phrases, un gros travail de recherche dans la syntaxe et les mots qui m'ont laissé admiratif.

    J'ai beaucoup aimé en début de recueil un poème consacré à son papa mort jeune alors qu'elle était une petite fille :
    « Rien ne sert de maudire à grands flots cette année
    Qui me priva si jeune, éclipse instantanée,
    Du géniteur soleil par lequel je suis née
    Peu me chaut de savoir en fait lequel appât
    De mes filets d'amour hier la mort happa
    Afin de t'éloigner, tu vis en moi, Papa. »

    Les lecteurs vont se faire une idée dans quelques extraits de poèmes du talent si particulier de l'auteure. Elle nous fait partager ses élans d'espoir et de révolte : « le temps que dure ici notre humain ministère /Chacun de nous met mal ou bien sur sa balance /Des droits que lui prescrit son propre baptistère (chapelle) /Mais il en recevra du ciel l'équivalence ! ».

    Les maux de ce monde sont son combat : intolérance, violence, bassesse, victimes innocentes, injustice, misère. Sa plume se veut un remède au désespoir qui pourrait l'atteindre :
    « Mon dieu je t'en supplie allège ma tristesse,
    Devant ces miséreux lentement je me meurs,
    Car cette déchéance étouffe mes humeurs,
    Donne-moi le pouvoir d'écrire avec justesse ! »

    La politique la révolte : « La droite ou la gauche on cesse d'y croire, /Pleine est la coupe à cortex cérébral, /De cette Chienlit d'ordre électoral /A coup de serments d'éden illusoire. »

    Comment ne pas adhérer à une pensée exprimée avec cette force poétique ? : « Mais la plus belle chose à laquelle je tiens, /Pouvant réconcilier musulmans et chrétiens, /Jeunes et plus âgés, ou même d'avantage, /La chose qui m'émeut en doux pleurs triomphants, / Sans hésitation, c'est d'en faire partage, /Et de voir se transmettre un savoir aux enfants. »

    En humaniste, elle s'interroge sur l'avenir de l'homme :
    « Sortirons-nous grandis en combattant nos failles !
    Celles qui font le nid où s'éveillent les maux
    Lors ma muse surgit pour m'insuffler les mots…
    Sortirons-nous grandis en combattant nos failles ? »

    À la fin du recueil, j'ai eu une dernière pensée pour Stéphane Mallarmé. Il disait que le poète doit « Tout reprendre à la musique », « Peindre non la chose, mais l'effet qu'elle produit », et « Laisser l'initiative aux mots ». Il avançait qu'il ne fallait pas nécessairement vouloir comprendre la poésie, au sens de son intelligibilité, mais l'éprouver comme une véritable jouissance simplement sensible, musicale et plastique. Une anecdote se rapporte à son ami le peintre Edgar Degas qui se plaignait devant lui de ne pas réussir à écrire des poèmes alors que, disait-il, il avait « beaucoup d'idées ». Mallarmé lui aurait répondu : « Mais mon cher Degas, ce n'est pas avec des idées que l'on fait les poèmes, c'est avec des mots ».
    Le style et la recherche poétiques de Marl'Aime m'ont paru proche de ce poète du 19e.

    Venu récemment en poésie, je ne peux que me fier à mes sensations. C'est la première fois que je lis une poésie aussi originale, jonglant avec les mots, parfois hermétique, intellectuelle jusqu'au bout des ongles. L'auteure nous livre ses sentiments, les met à nu sans chercher à plaire.

    « du sonnet au lai mon coeur est ivre,
    Et pour l'art d'un haïku
    Leste au Kaizen ma muse se livre,
    Il me reste moins de temps à vivre
    Que je n'ai vécu.

     

    "Kaizen : processus d'amélioration continue



    Merci Marl'Aime

     

  • Parme Ceriset sauvage et ardente

     

    Parme Ceriset, éditions du Cygne, poésie

    Parme Ceriset n’en finit pas de m’étonner. Son dernier recueil « Boire la lumière à la source » était légèreté, renaissance. Elle jouissait de sa nouvelle vie après avoir connu les affres de cette maladie qui, il y a quelques années, faillit la détruire. Elle semblait heureuse, écrivait des poèmes rafraichissants, son aventure de vie la conduisait au gré de ses envies et plaisirs.

    Parme Ceriset, éditions du Cygne, poésie

    Je lis la quatrième de couverture de ce dernier recueil : elle parle « d’ambiance incandescente ». Je feuillète les premiers poèmes. Les mots qui, dans le précédent recueil, célébraient la vie retrouvée, devenaient, cette fois, durs, agressifs. « La beauté de l’éphémère », « l’éclat limpide des cieux » se transformait en explosion, combat : un « vent glacé qui emporte tout ».

     

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  • Rembrandt et Bethsabée

     

    Rembrandt, Bethsabée, Hollande,

    Rembrandt – Bethsabée au bain, 1654, Louvre

     

    « On ne peut voir un Rembrandt sans croire en Dieu », écrit Vincent Van Gogh à son frère Théo

    Historienne de l’art et conférencière des Musées Nationaux, Marie-Laure Ruiz-Maugis est fascinée depuis longtemps par la grande toile « Bethsabée au bain tenant la lettre de David » que l’on découvre au Louvre dans la salle unique destinée aux œuvres de Rembrandt. Après avoir participé en 2005 à un documentaire télévisé sur « Les héroïnes de la Bible dans la peinture », elle a attendu la restauration récente de la toile pour écrire ce petit essai « Rembrandt et Bethsabée », interprétation personnelle sur le tableau de Rembrandt dans l’histoire de l’art :

    https://editionsmacenta.fr/

     

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  • Claude Monet est amoureux

     

    peinture, claude monet, camille monet, impressionnisme

     

    Claude Monet est amoureux. Il peint sa femme, Camille, avec une ombrelle : « l’artiste pense qu’il est en train de réaliser la plus belle des images de sa compagne : instant fugace d’un regard de peintre qui s’attarde à contempler l’indiscrétion du souffle de l’air dans la voilette de sa femme et son hardi mouvement de hanche. »
    Cannetille, chroniqueuse sur Babelio m’a offert la belle critique ci-dessous :
     
     
    Cannetille
    17 novembre 2023
    En couverture dans le tableau La promenade, elle semble avoir soudain pris conscience de notre présence et, dans un mouvement vif, se retourne pour nous fixer, comme par-delà le temps. Claude Monet l'a saisie il y a un siècle et demi en ce bref instant suspendu : va-t-elle ensuite poursuivre son chemin, sa silhouette dansante s'amenuisant peu à peu dans le lointain, ou nous attendra-t-elle pour nous donner le bras le temps d'un bout de chemin en sa compagnie ? Alain Yvars a pris les devants. C'est lui qui nous convie à une promenade auprès de l'ombre fugace de Camille, le temps de retracer son parcours d'épouse et de muse du grand peintre, comme l'on feuilletterait un album dont les photographies ne seraient autres que les tableaux qu'elle inspira.


    D'emblée l'émotion est au rendez-vous, avec pour première image Camille peinte sur son lit de mort, ombre déjà floutée par les tonalités pâles et bleutées du tableau, tout enveloppée d'un flot de tulle comme une mariée. Nous voilà ramenés au cycle de toute vie humaine, qui finit là où elle a débuté, avec cette universelle question : « se pouvait-il qu'un grand bonheur puisse s'envoler, cesser d'exister ? » Dès lors, le récit s'engage dans une rétrospective intime, remontant là où tout a commencé, quand Camille n'avait que dix-huit ans et rencontrait Monet, balayant une décennie conjugale ponctuée de deux enfants et de bien davantage de chefs d'oeuvre picturaux, et revenant boucler le cycle avec les obsèques de la jeune femme, morte à trente-deux ans d'un cancer.
     



    Hormis les tableaux où elle figure, peints par Monet mais aussi par Renoir et Manet, presque rien ne subsiste de Camille Doncieux, la jalousie d'Alice Hoschedé, la seconde épouse Monet, ayant mené à la destruction des lettres, photos et documents la concernant. Mais quels plus beaux souvenirs que cette série d'innombrables portraits, où elle paraît d'ailleurs parfois sous plusieurs personnages à la fois, et qui jalonnent l'essor artistique d'un peintre dont elle ne cessa de soutenir le génie trop novateur pour leur éviter la misère. Peintre lui-même, passionné éclairé et solidement documenté, Alain Yvars fait revivre le couple Monet aussi bien dans son intimité que face à son siècle, analysant avec sensibilité cette peinture du fugitif et de l'instantané qui fut une si grande révolution et qui nous restitue si bien la vie au travers de ses motifs.


    Après Que les blés sont beaux, Conter la peinture et Deux petits tableaux, l'auteur nous régale à nouveau d'un ouvrage aussi intéressant qu'émouvant, luxueusement illustré de reproductions sur papier photo, pour une immersion si naturelle dans l'univers de Camille et Claude Monet qu'elle nous fait oublier l'immense travail de documentation qui la rend possible.


    Bravo à Alain, alias Jvermeer, pour cette belle réalisation et un grand merci pour son partage.

    Lien : https://leslecturesdecanneti..
     
    Merci Nadine
     
     
  • Camille Monet, brune aux yeux clairs

     

     Monet, Camille Monet

    Claude Monet - Portrait de Camille Monet (sanguine), 1866, collection particulière

     

     

    Elle était si jolie Camille…
    je découvre sur le site Facebook de l’église de Vétheuil :

    https://www.facebook.com/eglisedevetheuil, ce portrait à la sanguine de Camille Doncieux, future femme de Claude Monet, qui m’a tout simplement enthousiasmé par sa qualité et la clarté étonnante des yeux de Camille qui semblent toujours foncés dans les différents portraits que l’on connait d’elle. En particulier le très beau portrait d’Auguste Renoir :

    Camille Monet

    Auguste Renoir – Portrait de madame Claude Monet, 1872, musée Marmottan-Monet

     

    Je ne connaissais aucun dessin de Camille par Monet, surtout de cette période des tout débuts de leur rencontre. Il semble donc que Camille, la muse, la femme de Claude, était une brune (ou châtain) aux yeux très clairs. Je comprends que Monet ait été séduit par la jeune femme et ne perdit guère de temps pour la prendre comme modèle dans ses premières toiles : « Déjeuner sur l’herbe » de 1865 dans lequel elle apparait deux fois, ensuite la magnifique « Femme à la robe verte » de 1866, et « Femmes au jardin » de 1866 au musée d’Orsay où elle est trois des quatre personnages de la toile.

     

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    Claude Monet - Camille ou La Femme à la robe verte, 1866, Kunsthalle, Bremen, Allemagne 

     

  • Claude Monet vous parle

     

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    Claude Monet - Femmes au jardin (détail), 1867, Musée d'Orsay, Paris

     

     

    Vous partez peut-être pour des vacances bien méritées dans les jours ou les semaines qui viennent.

    Claude est heureux de vous faire savoir que la récente biographie d’Alain Yvars « Camille muse de CLAUDE MONET – Naissance de l’impressionnisme », publiée chez BOD, est enfin disponible avec retard chez tous les libraires physiques et numériques.

     

    Pour les peintres impressionnistes, le seul maître était la nature. Aurez-vous l'occasion, comme eux, en observant un paysage, de discerner la lumière changeante modifiant les couleurs au fil de la journée, la sensation fugitive et éphémère des choses ?

     

    Excellentes vacances à tous les lecteurs.

     

     

  • Camille muse de CLAUDE MONET

     

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    Une biographie romancée « Camille muse de CLAUDE MONET - Naissance de l'impressionnisme » illustrée sur papier photo de nombreux tableaux obtenus auprès des grands musées mondiaux vient de rejoindre mes deux précédents recueils de nouvelles « Deux petits tableaux » et « Conter la peinture ».

     

    EXTRAIT DE L’INTRODUCTION DU LIVRE

     

    Elle était si jolie, Camille…

     

    Durant près de quinze années, elle n’a été qu’une silhouette, une passante qui va activer le paysage du couple qu’elle formait avec Claude Monet, le chef de file du groupe des peintres impressionnistes qui avaient, au 19e, la lumière comme unique religion. On retrouve la jeune femme dans de très nombreuses toiles : elle marche, lit, cueille quelques fleurs, sourit à l’homme qu’elle aime, endosse des robes de femmes du monde, parfois des costumes extravagants. Elle est le modèle, la compagne, la mère, la muse…

    La multitude de tableaux faits par Claude Monet de sa compagne intrigue. Il la peignait sous tous les angles, à tout moment, la traquant dans ses moments de solitude rêveuse. Cette gracieuse figure, au regard un peu triste, est touchante. Sur les toiles amoureusement peintes par Monet, son apparence, ses sourires, ses poses, figées ou en mouvement, quelques gestes, nous content la femme qu’elle était, plus que de banales correspondances.

    Au-delà des documents restants sur elle, le regard pictural de Monet sur sa muse a été le support essentiel de ma réflexion et a donné chair à cette biographie romancée d’un couple indissociable.

    Je souhaite vous faire entrer dans l’intimité du couple Camille et Claude Monet. Camille va y trouver sa place, exister, participer à l’ascension de son génial mari. Ils vont vivre ensemble les moments forts, laborieux, miséreux parfois, de l’avènement de l’impressionnisme cette nouvelle vision de l’art qui va révolutionner la peinture académique.

    Nombre des toiles de Claude Monet de cette période, celle que je préfère du peintre, dans lesquels sa femme est représentée sont des chefs-d’œuvre. Après sa mort, il ne peindra jamais plus de personnage avec le même intérêt, le même plaisir, le même amour. Plus tard, les personnages insérés dans ses toiles ne sembleront servir que de contrepoint à son travail entièrement tourné vers le paysage. Le sourire de Camille surgira parfois, inattendu, dans une touche de lumière.

    (Ces chefs-d’œuvre sont montrés en HD dans mon livre)

     

    HISTOIRE VRAIE DE MA VISITE À VÉTHEUIL

     

    J’ai toujours en tête le jour où je suis allé à Vétheuil, petite commune près de Paris. La tombe de Camille était dans le petit cimetière derrière l'église. Devant moi, l’image de la pierre tombale grisâtre se diluait. L’émotion… Des teintes m’apparaissaient sous la forme d’une jeune femme aux traits fins, silhouette gracieuse flottant dans les hautes herbes d’un champ de Coquelicots, changeant de robes comme de personnages dans Femmes au jardin, assise sur la Plage de Trouville, apparition ascendante dans La Femme à l’ombrelle ou grimaçante habillée en Japonaise.

     

    https://www.bod.fr/librairie/camille-muse-de-claude-monet-alain-yvars-9782322474691

     

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    Claude Monet – Femmes au jardin, 1866, musée d’Orsay, Paris

     

  • Pastels à Orsay

     

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    Lucien Lévy-Dhurmer - la femme à la médaille, 1896, musée d'Orsay

     

    « Un art érotique »

     Le pastel stimule l’œil et en appelle aux antres sens. De ce fait, selon l’écrivain Ernst Jünger, il repose intrinsèquement sur « la valeur tactile de la couleur, une sensation d’ordre épidermique évoquant la pensée d’un contact ».

     

    Une centaine de pastels de la seconde moitié du 19e sur une collection riche de 500 œuvres, l’une des plus importantes au monde avec celle du Louvre pour le 17e et le 18e, sont présentés dans la magnifique exposition actuelle du musée d’Orsay.

    Négligé à partir de la Révolution française, c’est un nouvel âge d’or du pastel qui commence au 19e. Une résurrection ! De nouveaux pigments et supports comme le « Pastel Card » apparaissent. Le peintre Jean-François Millet, un des grands initiateurs du renouveau, avec « Le bouquet de marguerites » annonce une transformation dans l’usage du pastel. Désormais, la technique va cesser de se limiter uniquement au portrait pour devenir un merveilleux moyen pouvant exprimer le paysage, le nu et tous les genres. Tous les peintres avant-gardistes, ces impressionnistes adeptes de la touche divisée et de l’éphémère des choses, vont adopter plus ou moins ce mode d’expression, dont Manet, Toulouse-Lautrec, Gauguin, Degas, Morisot. 

    Plus tard, les symbolistes, Odilon Redon en particulier, vont exploiter l’extraordinaire plasticité du pastel pour faire surgir l’imaginaire au-delà du réel.

     

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  • Fragonard libertin

     

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    Jean-Honoré Fragonard - Les Débuts du modèle, 1769, musée Jacquemart André, Paris

     

    « Les débuts du modèle ». Qui connait cette œuvre de Jean-Honoré Fragonard qui passe souvent inaperçue, accrochée dans une des petites pièces du charmant musée Jacquemart-André à Paris ?

    Lorsque je visite le musée, je m’arrête invariablement devant cette petite toile qui m’amuse et me réjouit. Il se trouve qu’elle figure sur la première page du catalogue de l’exposition Fragonard qui se tint en 2007 dans ce musée : un bel hommage au peintre qui a si brillamment illustré les plaisirs de son siècle : plaisirs galants et coquins dans la pénombre des bois ou parcs, plaisirs champêtres, mais aussi plaisirs littéraires et artistiques.

         Tout ce qui fait le génie du peintre est contenu dans ce tableau présentée dans un cadre ovale. La subtilité dans le jeu des regards et des mouvements des personnages ne prête guère à confusion : une mère, ou une maquerelle, vante d’un regard interrogateur les charmes de sa fille, modèle débutante, en dévoilant ses seins à un peintre appuyé nonchalamment contre un meuble face aux deux femmes. La jeune fille fait mine de résister. Une feinte de résignation se lit dans son expression. Cela ne semble pas suffire à l’artiste puisqu’il tente, avec un bâton, de relever le jupon de la belle.

     

         Le baron Portalis, l’un des meilleurs connaisseurs de l’artiste, ne manquait pas de souligner le brio de l’exécution de ce tableau : « Imaginez tout ce que vous pouvez rêver de plus blond, de plus rose, de plus clair ; pétrissez ces tons avec esprit, mais avec l’esprit inimitable du maître, et vous aurez l’impression ressentie. Le pinceau glisse sans appuyer sur les roses éteints du déshabillé d’atelier d’un jeune peintre occupé à soulever, du bout de son appuie-main, les derniers voiles de son modèle ».

     

         À ses débuts, Fragonard peignait les mêmes tableaux académiques d’histoire ou religieux que ses contemporains. En 1767, il a 35 ans, il se détourne du grand genre et décide d’orienter sa peinture vers les scènes de libertinage qui lui assurent le succès à la cour de Louis XV. Avec ses contemporains Boucher et Watteau, il est le plus bel interprète du plaisir de vivre montrant des personnages de la haute société s’adonnant au badinage et scènes galantes. Son maître en libertinage était un écrivain : La Fontaine.

     

         La centaine d’œuvres présentes dans l’exposition met en lumière la diversité dans le travail de ce peintre aux couleurs vives ainsi que la culture de ce temps aux mœurs légères. Le catalogue nous présente de splendides reproductions, en particulier la commande au peintre de la comtesse Du Barry montrant les progrès de l’amour dans le cœur d’une jeune fille : la poursuite, la surprise, la rencontre. 

    La légèreté de la toile « L’escarpolette » donne un aspect licencieux à l’image d’une jeune fille se balançant sous le regard extasié d’un jeune homme contemplant ses jupons.

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    Jean-Honoré Fragonard – L’Escarpolette, 1767, The Wallace Collection, Londres

     

         J’ai retrouvé dans ce portraitiste de génie qu’était Fragonard son style d’un grand modernisme qui est sa qualité essentielle : touche nerveuse, brossée énergiquement, d’un jet. Ces portraits me font souvent penser à la virtuosité du hollandais Frans Hals, un siècle plus tôt, dont Van Gogh disait : « Peindre d’un seul coup, autant que possible, en une fois ! Quel plaisir de voir ainsi un Frans Hals ! »

     

     fragonard

    Jean-Honoré Fragonard – Le Philosophe, 1764, Kunsthalle, Hambourg