Que diriez-vous d’un balade dans le Lubéron ? Oui ? Alors suivez-moi !
La Provence… Cette région du sud-est de la France, nichée entre mer et montagne, évoque tant de choses : un soleil que les gens du Nord jalouse, des parfums de lavande, le crissement des cigales, des villages de cartes postales, d’innombrables vestiges romains, l’accent coloré des habitants, et puis cette mer aux mille nuances de bleus et de verts que la lumière modifie sans cesse.
Cette terre de douceur m’attire irrésistiblement presque tous les ans. Je réside loin d’elle, mais je sens, lorsque j’y vais, que je suis chez moi dans cette région. Quelque chose d’agréable s’agite au fond de moi et je suis bien.
Je la connais d’Ouest en Est cette Provence : elle étire un vaste panorama qui part de la Camargue et son univers de flamands roses, taureaux noirs et chevaux blancs, suit les pas hallucinés de Van Gogh entre Arles et Saint-Rémy-de-Provence, s’accroche aux calanques sauvages nichées entre Marseille et Cassis, et se termine non loin de la montagne Sainte-Victoire, immortalisée par Cézanne, à Aix-en-Provence.
Enfin… je croyais bien la connaître cette Provence ! Pourtant, une zone de paysages accidentés située en plein cœur de celle-ci m’était inconnue : le Luberon, parc naturel régional, à mi-chemin entre les Alpes et la Méditerranée, une barrière montagneuse parsemée de villages hauts perchés, ravins profonds, falaises ocrées, collines calcaires et maisons de pierre sèche.
Un séjour récent m’a permis de faire enfin connaissance avec ce Luberon. J’ai été séduit. Mon appareil photo a rarement autant chauffé. Je vous propose de partager avec moi quelques-uns des meilleurs clichés que j’ai ramenés dans mes bagages.
GORDES
Il faut reconnaître que lorsque l’on se trouve face à cette ville qui touche le ciel, avec ses pierres patinées par le temps, on sait de suite qu’il s’agit d’un des plus beaux villages de France.
D’ailleurs, un cycliste qui passait sur la route faillit bien se flanquer par terre devant ce spectacle.
En marchant dans les ruelles pavées du village, de nombreuses échappées entre les maisons s’ouvrent sur la montagne qui lui fait face. Il doit faire bon vivre à cet endroit, m’étais-je dit.
LE VILLAGE DES BORIES
Proche de Gordes, j’ai passé un long moment dans l’original village des Bories.
L’origine de ces habitations remonterait aux Ligures qui peuplaient la région plusieurs siècles avant notre ère. Dans le pays, on appelait familièrement ces curieuses maisons bâties en pierres sèches, sans mortier, des « cabanes gauloises ».
Ces habitats traditionnels ont traversé le temps puisqu’ils furent habités constamment à diverses époques jusqu’au début du 19e siècle.
Curieux, je suis entré dans toutes les maisons composant ce village minéral construit avec des pierres trouvées sur place : feuilles de calcaire se détachant du rocher ou pierres des champs. On les appelait « Lauzes ». D’environ 10 centimètres d’épaisseur, elles étaient assemblées sur plusieurs rangs de plaquettes afin de former des murs épais.
D’aspect ovoïdes ou carrées, ces maisons ne comportent le plus souvent qu’une seule pièce et une ou deux étroites ouvertures. A l’intérieur, des cavités aménagées dans l’épaisseur des murs servent de placards ou de rangements. Le plus étonnant est que la température y demeure constante en toutes saisons.
Cette vaste aire à l'entrée du village servait à battre le blé ou, parfois, les jours de fêtes, à danser.
Remise à outils ou cellier
Une bergerie.
Un four à pain qui semble encore prêt à servir.
On stockait également le vin.
J’imagine quelques habitants du village assis sur ce banc le soir, après leur journée de travail, humant le souffle du mistral avant de rentrer à l’abri de leur cabane pour la nuit.
SAIGNON
Autre village haut perché dont le rocher déchiqueté par le vent laisse apparaître le cône pelé du Mont Ventoux au loin.
Un moulin à huile troglodytique que le temps a difficilement conservé.
On peut toujours rêver ! Ma femme tente vainement de pousser avec ses petits bras cet immense rocher. L’homme paraît bien fragile face à la nature…
Quelques fleurs sauvages apportent une note colorée dans ce décor sévère.
Ouf ! Une charmante placette, au cœur du village, nous apporte un rafraîchissement mérité.
LE PONT-JULIEN
Je ne sais de quelle nationalité était ce couple de jeunes touristes. Allemand ? Peut-être hollandais ? J’étais seul avec eux au pied de ce pont romain, vestige de l’antique voie Domitienne. Ils me tendirent leur minuscule appareil numérique : « Merci ! Photo de nous devant pont ! Appuyez ici ! ». Ce fut vite expédié : un cliché en largeur montrant le pont en entier, un autre dans le sens de la hauteur cadrant le couple tendrement enlacé, un sourire béat les unissant. « Très beau ! Merci !dirent-ils, satisfaits d’avoir été immortalisés devant cette ruine ancestrale. »
J’en profitai, avant de partir, pour garder, moi aussi, un souvenir de ce pont sous lequel coule le Coulon, ce jour là à sec, dont le débit d'eau peut être très important, occasionnant de fortes crues. Je le trouvais encore bien conservé malgré ses 2000 ans.
L’ABBAYE DE SENANQUE
Ce lieu m'a laissé une sensation d’enchantement !
Niché dans un vallon loin du bruit de la civilisation, ce monastère, fondé en 1148, est un témoin de l’architecture cistercienne primitive.
En fin de journée, une lumière mystique l’enveloppait. La lavande envoyait des tonalités violines sur les murs gris.
LE COLORADO DE RUSTREL
Un western !
On se serait cru dans ces vieux films en technicolor tournés dans des régions désertiques et poussiéreuses de l’Amérique d’autrefois. J’ai même cru, un instant, apercevoir la tête d’un indien derrière une colline, puis disparaître, certainement pour prévenir sa tribu de notre présence. Heureusement, mon scalp est encore sur ma tête !
La jeune femme au centre paraît bien seul dans ce décor sauvage.
L’ocre est une substance mystérieuse. Ce Colorado à Rustrel nous renvoyait des couleurs somptueuses : du jaune le plus lumineux au rouge le plus profond, en passant par toutes les teintes intermédiaires d’orangés.
Au coeur du massif des ocres du Lubéron, ce site est grandiose. Ancienne carrière à ciel ouvert, il fut industrialisé au 19e et 20e
Devant moi, s’unissaient l’émouvant résultat de l’activité humaine de plusieurs générations d’ocriers et l’érosion de la nature.
Un désert de sable : sorte de Sahara blanc coincé entre des pics aux formes fantastiques verdoyants ou rougeâtres.
Ne se croirait-on pas sur les pentes d’un glacier ?
Etranges cheminées ?
LE VILLAGE DE ROUSSILLON
J’ai gardé ce village perché pour la fin. Il ne peut qu’inspirer les peintres.
Cette fois, les humains ont utilisé la vivacité des couleurs de l'ocre pour en badigeonner les murs de leurs maisons. Le résultat est somptueux.
L’entrée du village me rappelle le Colorado que je viens de quitter.
Les maisons entremêlées révèlent une palette de couleurs chaudes, toutes en nuances, composant un tableau de rêve.
Ruelles
Maisons pittoresques.
Au-dessus du balcon de la mairie, l'ombre des drapeaux s'empourpre au contact de l'ocre rosé.
Un clocher, planté dans un ciel d’un bleu profond, indique encore l’heure de mon passage.
La star du village ! Cette porte ancienne peinte par un artiste était mitraillée sous tous les angles. J’ai même failli en venir aux mains avec un touriste japonais qui s’obstinait à monopoliser l’image de la porte avec sa petite amie plantée devant.
Il restait beaucoup de choses à explorer dans cette superbe région. Je n’en ai pas eu le temps. Néanmoins, je pense avoir montré un aperçu intéressant de la richesse de ce petit coin de Provence dont on ne parle pas assez.
Avant de vous quitter, je vous offre en prime :
Un lever de lune sur le Lubéron.
Un coucher de soleil au même endroit.
Le Lubéron vous a plu ? Venez le voir. Vous ne serez pas déçu.
Alain
Ce lien peut vous en apprendre plus sur le Luberon : https://www.destinationluberon.com/decouvrir/les-incontournables/village-des-bories