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Camille sur son lit de mort

 

Monet, Camille

Claude Monet – Camille sur son lit de mort, 1879, Louvre

 

« La toile fraîche déposée contre le mur, il fixe longuement le portrait de la femme qu’il avait peinte si souvent. Étrangement, il ne l’a jamais sentie aussi près de lui que sur cette toile.

Sous son voile transparent, Camille lui souriait…

Tous les souvenirs des jours heureux lui revenaient en masse… Monet revoyait la gracieuse Camille qui posait inlassablement autrefois : la Femme à la robe verte des débuts de leur rencontre, celle dont l’ombrelle violaçait le visage sur la plage de Trouville, les formes flottantes de sa robe qui foulait les hautes herbes d’une prairie d’Argenteuil piquetée de Coquelicots. Il regrettait aussi de l’avoir transformée en Japonaise grotesque. Quatorze années… Des images de tous ces instants de vie qui leur appartenaient dansaient devant ses yeux.

Il s’assoit face à elle.

C’était hier. Elle existait à nouveau… » 

 

Extrait « Camille muse de Claude Monet » publié sur BOD

 

Commentaires

  • Bonsoir Alain,
    Comme ce tableau est fascinant!
    On pourrait le regarder jusqu'à sombrer dans un sommeil "ésotérique"... N'est-ce pas cela, une certaine approche de la Mort? Un Sommeil ésotérique, un Voyage vers d'autres contrées parce que soudain on est prêt...
    La Matière se met à vivre autrement, l'Artiste qui est Alchimiste aussi le ressent et celle qui l'a tant inspirée est déjà dans l'entre-deux qui va tout recréer et réunir un jour ceux qui s'aiment lorsqu'il sera enfin temps... il y a de la Magie dans cette Oeuvre et de la Magie dans vos Mots, dans votre regard qui nous appelle vers ce tableau.
    Ce camaïeu est magnifique et tellement émouvant!
    Merci pour ce partage ardent et merci pour votre message, j'y réponds par mail et j'espère que vous recevrez bien ma réponse car j'ai toujours autant de soucis de réseau mais c'est ainsi, à l'orée d'une zone blanche...
    Je vous souhaite une belle fin de semaine, bien amicalement!
    Cendrine

  • Vous écrivez bien, Cendrine.
    Je ne sais si cette toile (qui est au Louvre) relève de l’ésotérisme, mais, à mes yeux, il s’agit de l’une des plus belles de Monet. Que lui est-il arrivé, le jour où il a saisi ses pinceaux pour décrire sa jeune femme qui vient de décéder à 32 ans. Je vous donne un autre extrait qui pourrait expliquer cette magie dont vous parlez si bien. Entrevoit-il le mystère de la vie ?
    « Le peintre se surprend à noter machinalement la dégradation des teintes du beau visage rigidifié dans la mort. Un choc de couleurs. Il voit des tonalités de bleu, jaune, gris, mauve. Il estime les ombres, les endroits précis où la lumière se dépose sur le visage, le voile, le lit. Il perçoit la succession des valeurs. La face ravagée de Camille devient une réflexion picturale. C’est plus fort que lui, malgré sa honte, un besoin organique qu’il ne maîtrise pas le submerge. »
    J’ai regardé en partie vos excellentes vidéos. Je vous en parlerai plus tard dans un message.
    Amitiés.

  • Ce passage captivant nous transporte dans l’intimité créative et émotionnelle de Claude Monet. À travers une toile, il ne peint pas seulement une femme, mais capture une présence, un souvenir vivant qui transcende le temps. Camille, sa muse, devient ici l’incarnation de l’amour, de la nostalgie et du regret, un dialogue silencieux entre l’artiste et l’âme de celle qu’il a tant aimée. Ce texte magnifie le lien entre l’art et la mémoire, révélant comment une œuvre peut raviver les instants fugaces de la vie avec une intensité bouleversante.

  • Les traits émaciés de la femme que Monet aimait envahissaient la toile. Entrevoyait-il ce mystère, celui de la vie ? C’est le plus beau portrait qu’il ait fait d’elle…

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