Journal - 3. Extraits choisis, année 1823
Eugène Delacroix – La Vierge du Sacré-Cœur, 1821, Cathédrale d’Ajaccio
Une « LIBERTÉ GUIDANT LE PEUPLE » en « TRIOMPHE DE LA RELIGION »
Une bien curieuse histoire…
En 1820 Eugène Delacroix est totalement inconnu. Le 28 juillet, il écrit une lettre à sa sœur Henriette de Verninac dont je donne un extrait : « Il vient de m’arriver une commande qui pourra me rapporter de l’argent. C’est un tableau pour un évêque de Nantes. Je ne sais pas encore la somme : mais ce sera bien payé. Cela pourrait peut-être m’empêcher de partir aussi vite que je l’aurai voulu avec Charles ; que parce qu’il faut, non pas avoir fait le tableau d’ici là ; mais en avoir fait des esquisses peintes et des ébauches pour les soumettre au dit évêque. Cependant je crois pouvoir m’en débarrasser à temps."
Il se trouve que la commande de ce tableau avait été adressée primitivement à Théodore Géricault. Ce sujet religieux ne l’inspirant guère, il avait pensé que son jeune ami Eugène Delacroix, alors âgé de 22ans, ayant constamment des problèmes financiers, et dont il connaissait la qualité de peintre, pourrait exécuté la toile à sa place, tout en se gardant le privilège de la signature.
Et Delacroix se met au travail comme il l’écrit à sa sœur. En mal d’inspiration, l’artiste écrit à son ami Pierret en octobre 1820 : « L’idée de ce tableau que j’ai à faire me poursuit comme un spectre. (…) Tout ce que j’ai voulu chercher n’a été que misérable. » Delacroix se devait d’imiter la palette de son ami et s’inspire donc de son style. Il en fait d’abord une esquisse, puis termine, fin 1821, la très grande toile qui devait représenter la Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus et de Marie et était destinée à la cathédrale de Nantes.
A la réception du tableau, les autorités religieuses rejettent la peinture qui va être envoyée en 1827 avec un nouveau nom « Le triomphe de la religion » à la cathédrale d’Ajaccio, comme peinte par Géricault. Seulement en 1842, un critique d’art révèlera la supercherie et donnera le nom du véritable auteur : Delacroix. Ce sera sa première œuvre monumentale, quelques mois avant « La barque de Dante » qui entrera bientôt au Luxembourg.
Le tableau, non signé, dont les historiens ne connaissaient que des études préparatoires, restera dans la cathédrale d’Ajaccio pendant un siècle, jusqu’à sa localisation en 1930…
Aujourd’hui, cette « Vierge du Sacré-Cœur » est toujours conservée jalousement dans la cathédrale d’Ajaccio et il est hors de question pour les conservateurs de la collectivité territoriale Corse de se séparer de l’œuvre.
Lorsque que l’on regarde ce tableau peint en 1821, l’on peut s’apercevoir que celui-ci préfigure, dans la composition de la figure féminine et la lumière, la célèbre toile qu'Eugène Delacroix peindra 9 années plus tard, en 1830 : LA LIBERTÉ GUIDANT LE PEUPLE.
LE JOURNAL
Paris – mai 1823
A 24 ans, Eugène Delacroix, dans ses courriers et son journal, décrit toujours avec autant de passion les nombreuses aventures amoureuses qu’il recherche constamment :
[…]
En rentrant, ma petite Fanny (une grisette, voisine de Delacroix) était chez la portière ; je m’installe, je cause une grande heure et je m’arrange pour remonter en même temps qu’elle. Je sentais par tout mon cœur le frisson favorable et délicieux qui précède les bonnes occasions. Mon pied pressait son pied et sa jambe. Mon émotion était charmante. En mettant le pied sur la première marche de l’escalier, je ne savais encore ce que je dirais, ce que je ferais, mais je pressentais qu’il y aurait quelque chose de décisif ; je la pris doucement par la taille. Arrivé sur son palier, je l’embrassai avec ardeur et je pressai sur ses lèvres ; elle ne me repoussa point. Elle craignait, disait-elle, d’être vue. Aurais-je dû pousser plus avant ? Mais que les mots sont froids pour peindre les émotions ! Je la baisais et la rebaisais, je la tirais sans cesse à moi ; enfin je l’abandonnai me promettant de la revoir le lendemain. Hélas ! c’est aujourd’hui, je n’ai eu tout le jour que cette pensée ; je l’ai vue, je ne sais où elle veut en venir. Elle a paru se dérober à moi ou feindre de ne pas me voir… Ce soir, dans ce moment, ma porte est entr’ouverte… J’espère je ne sais quoi,… ce qui peut arriver. J’entrevois une infinité d’obstacles. Mais que ce serait doux !… Ce n’est pas de l’amour. Ce serait trop pour elle ; c’est un singulier chatouillement nerveux qui m’agite, quand je pense qu’il est question d’une femme, car elle n’est vraiment pas séduisante… Je conserverai cependant le souvenir délicieux de ses lèvres serrées par les miennes.
Paris – 16 mai 1823
(…)
Voici quelques-unes des folies que j’écrivais, il y a quelques jours, au crayon, tout en travaillant à mon tableau de Phrosine et Melidor (inachevé). C’était à la suite d’une narration de jouissances éprouvées qui m’avait donné une dose passable de mauvaise humeur.
« Pourquoi ne m’avez-vous pas reçue froidement comme vous m’aimez ? * Quels droits ai-je sur vous ? Pourquoi avoir demandé de m’amener ? Vous me dites de vous aller voir ! Quel partage, ô ciel ! Quelle folie ! en sortant de vous voir, je me suis flatté que vos yeux m’avaient dit vrai. Il fallait me traiter en ami : c’était bien le moins. D’ailleurs qu’ai-je demandé ? Je serais un misérable, si j’étais revenu chez vous avec l’espoir de vous aimer et d’être aimé. Je croyais avoir tout surmonté ; je comptais surtout sur votre aide. Qu’est-ce qu’ont voulu dire vos yeux ? Vous avez eu la cruauté de me donner un baiser ! Pensez-vous que je vivrai avec cet homme, si je me mets à vous aimer ?… et que je le souffrirai près de vous ? Ou par pitié, sans doute, vous lui accorderez tout ? Cette pitié-là n’accommode pas un cœur aimant… mon cœur n’est pas si compatissant… Vous me méprisez donc ? »
* il s’agit d’une femme J… dont le nom reste inconnu. C’était une femme du monde. Elle était la maîtresse de son ami Soulier, et pendant le séjour de celui-ci à Florence, elle flirta avec Delacroix.
Eugène Delacroix - Autoportrait dit en Ravenswood ou en Hamlet, 1823, musée Delacroix, Paris
Paris – 30 décembre 1823
[…]
Il y a quelques jours, j’ai été le soir chez Géricault. Quelle triste soirée ! il est mourant ; sa maigreur est affreuse ; ses cuisses sont grosses comme mes bras ; sa tête est celle d’un vieillard mourant. Je fais des vœux bien sincères pour qu’il vive, mais je n’espère plus. Quel affreux changement ! Je me souviens que je suis revenu tout enthousiasmé de sa peinture : surtout une étude de tête du carabinier… s’en souvenir ; c’est un jalon. Les belles études ! Quelle fermeté ! quelle supériorité ! et mourir à côté de tout cela, qu’on a fait dans toute la vigueur et les fougues de la jeunesse, quand on ne peut se retourner sur son lit d’un pouce sans le secours d’autrui !…
Le romantique Théodore Géricault, son ami, va s’éteindre en janvier 1824 des suites d’un accident de cheval. Il n’avait que 33 ans. Delacroix le considérait comme le peintre qui se rapprochait le plus de lui.
Théodore Géricault – Tête de cheval blanc, 1815, musée du Louvre, Paris
Sans date - fin 1823 début 1824
Une longue réflexion sur la question du « Beau »
La question sur le beau se réduit à peu près à ceci : Qu’aimez-vous mieux d’un lion ou d’un tigre ? Un Grec et un Anglais ont chacun une manière d’être beau qui n’a rien de commun.
C’est l’idée morale des choses qui nous effraye ; un serpent nous fait horreur dans la nature, et les boudoirs de jolies femmes sont remplis d’ornements de ce genre : tous les animaux en pierre que nous ont laissés les Égyptiens, des crapauds, etc.
Souvent une chose, dans la nature, est pleine de caractère, par le peu de prononcé ou même de caractère quelle semble avoir au premier coup d’œil.
Le docteur Bailly met en principe : « La preuve que nos idées sur la beauté de certains peuples ne sont pas fausses, c’est que la nature semble donner plus d’intelligence aux races qui ont davantage ce que nous regardons comme la beauté. » Mais les arts ne sont pas ainsi ; car si le Grec était plus beau à représenter que l’Esquimau, l’Esquimau serait plus beau que le cheval, qui a moins d’intelligence dans l’échelle des êtres. Mais tout est si bien né dans la nature que notre orgueil est extrême. Nous bâtissons un monde sur chaque petit point qui nous entoure. La rage de tout expliquer nous jette dans d’étranges bévues. Nous disons que nos voisins ont mauvais goût, et le juge en cela, c’est notre propre goût ; car nous savons aussi que tous les autres voisins nous condamnent.
Nos peintres sont enchantés d’avoir un beau idéal tout fait et en poche qu’ils peuvent communiquer aux leurs et à leurs amis. Pour donner de l’idéal à une tête d’Égyptien, ils la rapprochent du profil de l’Antinoüs. Ils disent : « Nous avons fait notre possible, mais si ce n’est pas plus beau encore, grâce à notre correction, il faut s’en prendre à cette nature baroque, à ce nez épaté, à ces lèvres épaisses, qui sont des choses intolérables à voir. » Les têtes de Girodet sont un exemple divertissant dans ce principe ; ces diables de nez crochus, de nez retroussés, etc., que fabrique la nature, le mettent au désespoir. Que lui coûtait-il… de faire tout droit ? Pourquoi des draperies se permettent-elles de ne pas tomber avec la grâce horizontale des statues antiques ?… Telle n’était pas la méthode antique. Ils exagéraient au contraire, pour trouver l’idéal et le grand. Le laid souverain, ce sont nos conventions et nos arrangements mesquins de la grande et sublime nature… Le laid, ce sont nos tètes embellies, nos plis embellis, l’art et la nature corrigés par le goût passager de quelques nains, qui donnent sur les doigts aux anciens, au moyen âge, et à la nature enfin.
Commentaires
Le beau, le laid, l'art... tant de mots qui englobent les visions différentes de chacun d'entre nous.
Heureusement que nous n'avons pas tous les même goûts. :)
J'aime beaucoup le cheval de Théodore Géricault, même si son aspect n'est pas celui qu'on montre habituellement, ce cheval a quelque chose de presque humain.
Passe une douce journée Alain.
Delacroix notait sur son journal toutes les réflexions qui lui venaient, et le concept de beau, surtout en matière d’art, l’intéressait spécialement. Des nos jours, le beau est mis à toutes les sauces. Heureusement que nos goûts sont différents ; chaque personne se fait sa propre représentation du beau et du laid, aime ou n’aime pas. Complexe…
J’ai montré ce cheval parce que, moi aussi, je lui trouve une âme. On sent que Géricault avait une vraie passion pour les chevaux et il mourra d’une chute de cheval, trop jeune pour exprimer pleinement son talent.
Belle journée à toi.
tout à fait passionnant d'avoir ces témoignages de première main des pensées de l'artiste, en particulier ses réflexions sur la peinture.
Le tableau lui même est carrément bizarre, (bâclé au niveau du décor et des personnages annexes ?), ça n'a choqué personne de voir la vierge non seulement en guerrière musclée, mais aussi vêtue de voiles transparents suggestifs ?
merci, Alain
J’ai découvert cette histoire de « La Vierge du Sacré-Cœur » il y a peu. Quand Géricault refila la commande à Delacroix, celui-ci se posa beaucoup de questions sur le motif religieux à peindre. En panne d’inspiration, il opta pour cette Vierge au corps massif dans une pose qu’il reprendra plus tard dans la « Liberté ». C’est vrai qu’il y a un côté suggestif dans le drapé de ses voiles…
Pour accompagner la Vierge, l’artiste, élève de Pierre Guérin, trouve dans le répertoire de son maître le motif d’un ajout personnel : dans l’angle inférieur droit deux figures masculines de profil dérivant d’un dessin du maître pour un tableau présenté au Salon de 1817.
Ce tableau religieux qui a eu une histoire mouvementée a finalement trouvé sa place dans l’église d’Ajaccio et y finira ses jours.
Belle journée Emma.
Merci Alain, après avoir lu ce que Géricault endurait, je suis allée refouiller l'histoire de sa vie!! A cette époque, entre la tuberculose et la syphilis, les hommes vivaient un fil qui se balançait dangereusement! Delacroix aimait les femmes, je ne connaissait pas si sensible à la gent féminine!! Quant à sa définition sur le beau et le laid, je pense que s'il vivait à notre époque, il n'aurait pas le même discours!! A bientôt Alain! Bisous Fan
Oui, les mœurs à cette époque étaient très libres, surtout chez les artistes, et cette syphilis rodait constamment. Le coureur de jupon Maupassant en mourra trop jeune lui aussi.
Delacroix, jeune, était obsédé par les femmes et les descriptions de son journal sont très spontanées…
Le beau et le laid sont une affaire de sentiment personnel. Je ne sais ce que penserait Delacroix sur l’art contemporain qu’il scruterait certainement avec un regard intéressé pour tenter de comprendre cette nouvelle expression artistique.
Belle journée Fan
Bonsoir Alain,
C'est passionnant ! J'ai été emportée par cette valse d'émotions romantiques en insistant bien sur le sens profond du mot « romantique ». On part de cette Vierge qui a de grands points communs avec la Liberté guidant le peuple. La peinture religieuse n'est pas ma tasse de thé mais ce visage, cette attitude ardente... la dualité qui émane de la composition et de l'attitude des personnages... mon être artistique se voit séduit !
Séduction que je retrouve dans le tableau « religieux » La lutte de Jacob avec l'ange. Du grand Delacroix là aussi !
De toute manière, l'âme de l'artiste est si puissante que nous voyons toujours du grand Delacroix... dans chaque tableau ou étude où respirent les personnages, dans chaque jeu de regards ou geste d'une main...
Vous m'avez enchantée avec votre article, avec sa construction et le choix des textes.
Les confidences de Delacroix concernant ses attirances amoureuses sont pleines de charme, elles se lisent comme un roman.
Quant à Géricault, son destin est bien tragique... Il avait encore tant de choses à apporter au monde de l'art.
Le beau, le laid... tout est relatif et tout a son importance. Chaque fois que j'entends quelqu'un dire « ça c'est pas beau »... il me vient ces mots de Baudelaire : « le beau est toujours bizarre »... J'aime énormément ces mots qui reflètent ma pensée profonde. Qu'est-ce que le beau ? Il y a de très belles effigies qui ne sont pas pour autant séduisantes et il y a des figures pas -trè-s belles qui sont particulièrement chargées en émotion. Il y a aussi du « beau » chargé en émotion...
C'est la complexité du regard que l'on porte sur l'art. Souvent, je dis à mes amies qui détestent l'art contemporain, par exemple, que je ne regarde pas celui-ci en recherchant absolument le « beau ». Je laisse mes émotions s'exprimer et il y a des « choses moches », des choses contrefaites que j'aime beaucoup parce qu'elles racontent une histoire. Elles me parlent, au creux du sang et peu importe qu'elles soient bizarres, moches, tordues, peu avenantes... Elles ont le charme de la sincérité.
Le cheval de Géricault me plaît énormément, il reflète un état de douleur, de tristesse maladive, cela se ressent, des années avant la fin de l'artiste, comme si l'oeuvre savait et même si c'est tragique, c'est « beau » parce que ça se perçoit, dans les tripes et dans les veines.
Le passage sur les serpents m'a fait sourire car j'adore les serpents ! Quand j'étais petite fille, j'en ramassais, avec des vers de terre, des loches et toutes sortes de créatures, sans avoir peur du gluant ou du griffu, juste pour les regarder, établir une sorte de dialogue avec elles et les laisser repartir ensuite dans leur milieu naturel. Les « adultes » me disaient, horrifiés » « mais tu aimes tous les trucs bizarres ? » Le Bizarre, encore !!!
Un jour, je devais avoir dix ans, j'ai dit à une personne que je ne comprenais pas pourquoi voir des serpents dans l'art ne semblait pas la déranger mais voir un serpent « en vrai », oui... Ce sont des êtres si fascinants avec leurs reptations subtiles et leur contact soyeux...
Une résonance avec le texte...
En tous cas, merci Alain de nous offrir de si enivrants voyages en terre de sensibilité artistique. Je vous souhaite une myriade de « beaux » instants d'écriture et vous adresse mes pensées d'amitié
Cendrine
Cette « Vierge » est une commande de jeunesse faite dans la précipitation qui a eu un parcours étonnant, contrairement à sa « Lutte de Jacob » de Saint-Sulpice, pour laquelle, âgé, il prendra le temps de la réflexion.
Delacroix et les femmes… Ce beau garçon passait beaucoup de temps dans les jeux de séduction, comme son ami Géricault pour lequel les femmes et les chevaux furent la cause de cette fin tragique. Delacroix fut très marqué par le décès de son ami.
Quand vous parlez de la reptation et du contact soyeux des serpents avec envie, cela me fait penser au beau poème de Baudelaire « Le serpent qui danse » que j’ai illustré récemment avec la magnifique toile de John Collier « Lilith ».
« A te voir marcher en cadence,
Belle d'abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un bâton. »
Pour la sensation de beau ou de laid, comme je le dis à Fan, c’est tellement personnel. Peut-être « bizarre » comme dis Baudelaire. Souvent cela demande un délai de réflexion. Lorsque j’ai découvert Van Gogh je n’aimais guère, puis mon sentiment s’est totalement inversé avec le temps, une étude de l’œuvre et de l’homme. Quand je pense aux tonnes d’immondices déversées sur les impressionnistes…
Alors je me garde de jugement trop rapide, même si je ressens souvent pour l’art contemporain la même chose que mon premier ressenti pour Van Gogh.
Belle journée Cendrine
Tu comprendras sans peine, Alain, qu'ici je relèverai un propos des plus bizarres sous la plume de Delacroix dans sa réflexion sur le "Beau" :
"Nos peintres sont enchantés d’avoir un beau idéal tout fait et en poche qu’ils peuvent communiquer aux leurs et à leurs amis. Pour donner de l’idéal à une tête d’Égyptien, ils la rapprochent du profil de l’Antinoüs."
Je me doutais que tu retiendrais cette phrase, Richard. Malgré les siècles le souvenir d’Antinoüs reste toujours bien présent parce qu’il représente le « beau idéal ». Baudelaire, encore lui, dans « De l’idéal et du modèle » de son Salon de 1846 dit : « … à l’Apollon du Belvédère et au Gladiateur je préfère l’Antinoüs, car l’Antinoüs est l’idéal du charmant Antinoüs. Et dans son poème « Danse macabre » : ... Antinoüs flétris, dandys à face glabre, Cadavres vernissés, lovelaces chenus…
Je rajouterai dans le cours de philosophie de l’esthétique de Jacques Darriulat que tu m’a transmis sur FB (http://www.jdarriulat.net/Introductionphiloesth/index.html)
Les dernières lignes : « C’est ainsi que l’art ne se résume pas au seul effet de la beauté, il existe encore une paradoxale beauté de la laideur, un attrait de l’horreur que le romantisme mettra pleinement en valeur. L’art ne vise pas seulement le beau, il est plus encore puissance créatrice, démiurgique, et peut aussi bien engendrer des monstres. » Et « Car toute beauté, toute laideur n’intéresse pas l’art, mais seulement celle qui fait signe, qui enseigne. »