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Rechercher : un pastelliste heureux

  • Voir la peinture autrement - 2

         Esperiidae, mon amie suisse, vient de publier sur le site Litterature audio.com le troisième des récits qu’elle m’avait gentiment proposé d’enregistrer.

     

         J’avais écrit la nouvelle « Un aquarium géant » en hommage à Claude Monet. Je l’imaginais dans son atelier de Giverny, en compagnie de Blanche Hoschedé-Monet, sa belle-fille, à moitié aveugle et craignant une prochaine cécité, souhaitant voir ses « Nymphéas » en place, comme ils seront présentés, après sa mort, dans les grandes salles ovales du musée de l’Orangerie à Paris.

         Une nouvelle fois, la lecture d’Esperiidae, d’une grande sensibilité, m’a touché, et convaincu qu’il était possible de voir la peinture autrement, par la seule force de la voix.

         Pour écouter l'enregistrement, cliquez sur le détail d’un des Nymphéas de l’Orangerie, ci-dessous :

     

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    Claude Monet - Les Nymphéas (détail), musée de l'Orangerie, Paris

         

         Les deux premiers enregistrements peuvent être écoutés en cliquant sur les toiles correspondantes :

     

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    Winslow Homer – Nuit d’été, 1890, Musée d’Orsay, Paris

     

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                          Vincent Van Gogh – L’église d’Auvers, juin 1890, Musée d’Orsay, Paris

     

     

     

  • Mary Cassatt de retour à Paris

     

       Le Musée Jacquemart-André présente actuellement l’exposition : Mary Cassatt, une impressionniste américaine à Paris qui rassemble diverses œuvres de l’artiste et permet de redécouvrir son talent.

         C’est la première fois depuis le décès du peintre en 1926 qu’une rétrospective lui est consacrée à Paris. Je montre, ci-dessous, un échantillon représentatif des œuvres que j’ai préférées.

         Cela va me donner l’occasion de rapprocher les toiles de deux amies : Mary Cassatt et Berthe Morisot. Elles faisaient partie du groupe des peintres impressionnistes et exposaient ensemble. Leurs thèmes de prédilection étaient souvent les mêmes : la féminité, les enfants, les maternités.

     

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    Mary Cassatt – Autoportrait, 1880, Galerie nationale du portrait, Washington

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    Berthe Morisot – Autoportrait, 1885, musée Marmottan, Paris

     

     

     

         Courageuse et déterminée cette petite américaine qui parlait couramment français, adorait la France, et vivra plus de soixante ans dans notre pays !

        Déçue par des études artistiques à la Pennsylvania Academy of the Fine Arts de Philadelphie, elle n’hésite pas en 1865, à 21 ans, à partir pour Paris pour continuer son apprentissage. Elle restera plusieurs années dans la capitale française et visitera l’Europe pour s’inspirer des maîtres anciens. A ces débuts, plusieurs de ses œuvres seront acceptées par le jury du Salon officiel.

         Sa grande chance va survenir en 1877. Le peintre Edgar Degas la repère par hasard dans un salon et l’invite à se joindre au groupe des impressionnistes. Elle expose pour la première fois avec le groupe en 1879, propose une douzaine d’œuvres, et vend deux tableaux. Elle montre son premier chef-d’œuvre : Petite fille dans un fauteuil bleu, dont la touche libre la révèle comme « impressionniste ».

      

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    Mary Cassatt – Petite fille dans un fauteuil bleu, 1878, National Gallery of Art, Washington

     

        L’aventure peut commencer. Sa carrière va se faire au même rythme que celle des membres du groupe impressionniste qui exposent indépendamment du Salon. Elle participe à leurs expositions annuelles, jusqu’à la dernière qui a lieu en 1886. Elle devient très vite amie avec Edgar Degas, Camille Pissarro et Berthe Morisot.

         A partir des années 1890, sa contribution, avec le soutien de son amie madame Havemeyer, grande collectionneuse américaine d’œuvres impressionnistes, de sa famille américaine, et du marchand d’art Durand-Ruel, permettra de faire connaître et vendre la peinture impressionniste aux Etats-Unis. Ses amis peintres lui doivent beaucoup !

       Sa célébrité va devenir grandissante dans son pays et en France où elle jouit rapidement d’une notoriété comme « peintre de la Madone moderne ».

        Encouragé par Degas, elle se mettra à la gravure par la technique de l’eau-forte et deviendra une grande spécialiste de l’estampe. Pour s’amuser, Degas fera deux estampes de Mary Cassatt en visite au Louvre, l’une en contemplation dans la Galerie étrusque, et l’autre dans la Galerie de Peintures. Je les montre ci-dessous :

     

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         Très intéressée par la mode, Mary peint sa sœur Lydia dans une élégante robe rose. peinture,mary cassatt,impressionnismeCe tableau est admiré à l’exposition de 1881.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Mary Cassatt – La tasse de thé, 1880, The Metropolitan Museum of Art, Washington

     

         Berthe Morisot apprécie elle aussi l'élégance des femmes : peinture,berthe morisot,impressionnisme 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Berthe Morisot – Femme à l’éventail ,ou Au bal, 1875, musée Marmottan, Paris

     

         Le canotage était à la mode en cette fin du 19e siècle en France.

     

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    Mary Cassatt – L’été, 1894, Fondation Terra pour l’Art Américain, Chicago

     

       Je retrouve dans le tableau de Berthe Morisot la même touche totalement impressionniste, toute en vibration lumineuse :

     

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    Berthe Morisot – Le lac du bois de Boulogne, 1879, The National Gallery, Londres

     

         Les peintures, plus particulièrement les pastels, de Mary Cassatt atteignent des sommets dans un style très libre constitué de touches nerveuse, incisives, et la propension à laisser les toiles inachevées. Une nouvelle fois, nous pouvons la rapprocher de Berthe Morisot dont Emile Blanche disait : « La seule femme peintre qui ait su garder la saveur de l’incomplet et du joliment inachevé. »

     

         Des enfants :

     

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    Mary Cassatt – Portrait de mademoiselle Anne-Marie Durand-Ruel, 1908, Collection particulière

     

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    Berthe Morisot – La lecture, 1888, musée des Beaux-Arts, Saint-Pétersbourg

     

         D'autres enfants :

     

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    Mary Cassatt – Fillette au chapeau bleu, 1911, collection particulière 

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    Mary Cassatt – Simone portant un chapeau à plume, 1900, collection particulière

     

         L’on retrouve la même technique chez son amie Berthe.

     

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    Berthe Morisot – Les pâtés de sable, 1882, collection particulière

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    Berthe Morisot – Fillette au jersey bleu, 1886, collection particulière

     

         La Madone moderne… Mary Cassatt va rapidement devenir la spécialiste des sujets mère-enfant. Elle va se concentrer sur ce thème de manière sérielle comme le faisaient Monet avec ses meules ou Degas avec ses scènes de ballet. Le public est conquit et ses maternités sont hautement appréciées au niveau international.

     

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    Mary Cassatt – Mère  à l'enfant – le miroir ovale,1899, The Metropolitan Museum of Art New York

     

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    Mary Cassatt – Bébé dans un costume bleu, regardant par-dessus l'épaule de sa mère, 1885, Musée d’art de Cincinnati

     

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    Mary Cassatt – Jenny et son enfant, 1889, Terra Foundation for American Art, Chicago

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    Mary Cassatt – Femme assise avec un enfant dans ses bras, 1890, musée des Beaux-Arts de Bilbao

     

         On ne retrouve pas chez Berthe Morisot de maternités comparables à celles de Mary Cassatt. Par contre, j’aime la paternité ci-dessous, montrant son mari Eugène Manet jouant avec sa toute jeune enfant Julie. C’est une scène intime entre le père et la fille, les deux amours de l’artiste. La toile est parcourue de vibrations colorées et de touches nerveuses multiples qui lui donnent toute son harmonie.

     

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    Berthe Morisot – Eugène Manet et sa fille à Bougival, 1881, Musée Marmottan, Paris

     

     

    Mary Cassatt restera dans l’histoire de l’art comme une des artistes qui a le mieux réussi à transmettre le sentiment de tendresse entre une mère et son enfant.

     

     

  • Ukraine

     

    Chevtchenko

    Taras Chvetchenko - Kateryna, 1842, musée national chvetchenko, Kiev, Ukraine

     

         Taras Chvetchenko est devenu aujourd’hui la figure emblématique de l’Ukraine et est considéré comme le plus grand poète romantique ukrainien.

         Né en Ukraine, l’artiste passa les trois quarts de sa vie sans liberté. Malgré tout, il trouva l’énergie d’exprimer l’aspiration du peuple ukrainien à vivre libre. Et toute sa vie il se battra pour cette cause. Sa poésie et sa peinture furent constamment censurées par l’empire russe.

        On le surnomma « Kobzar » (Le Barde) du nom de son premier recueil de poèmes publié en 1840. Kobzar en ukrainien signifie un barde, celui qui, en plus de chanter, joue d'un instrument de musique similaire à un luth, le kobza.

        En 1842, le poète désire illustrer un des poèmes de son recueil Kozbar écrit en 1839 : Kateryna. Il peint le tableau ci-dessus représentant une jeune femme ukrainienne, enceinte. L’on voit au fond de la toile un soldat russe qui s’éloigne. À cette époque, les jeunes filles ukrainiennes acceptant les faveurs de l’occupant russe étaient rejetées par leurs familles. Le tableau décrit très bien la honte de la jeune fille et le regard méprisant de l’homme assis au sol.

        Au moment où l’armée russe est en train d’écraser l’Ukraine sous les bombes, j’ai voulu faire connaître quelques poèmes peu connus en France de ce grand poète.

     

     

    LE TESTAMENT

     

    Quand je mourrai, enterrez-moi
    Dans une tombe au milieu de la steppe
    De ma chère Ukraine,
    De façon que je puisse voir l'étendue des champs,
    Le Dniepr et ses rochers,
    Que je puisse entendre
    Son mugissement puissant.

    Et quand il emportera de l'Ukraine
    Vers la mer bleue
    Le sang des ennemis, alors
    Je quitterais les prairies et les montagnes
    Et m'envolerai
    Vers Dieu lui-même
    Pour lui offrir mes prières
    Mais jusque-là
    Je ne connais pas de Dieu !

    Enterrez-moi et debout !
    Brisez vos fers,
    Et arrosez du sang impur des ennemis
    La liberté !
    Puis, dans la grande famille,
    La famille nouvelle et libre,
    N'oubliez pas d'accorder à ma mémoire
    Une bonne parole !


    1845

     

    Chvetchenko écrivit quelques poèmes pendant ses premières années d’exil. Relégué au bout du monde, il revoyait en imagination la belle Ukraine.

     

    LE SOIR

     
    Un jardin de cerisiers entoure la maison ;
    Les hannetons bourdonnent au-dessus des arbres ;
    Les laboureurs avec leurs charrues,
    Les jeunes filles avec leurs chansons, rentrent,
    Et les mères les attendent pour le souper.

    La famille prend son repas autour de la maison ;
    À l’horizon brille l’aurore du soir.
    La fille présente les mets du souper ;
    Sa mère voudrait lui donner des conseils ;
    Mais le rossignol l’en empêche.

    La mère, autour de la maison,
    A couché les petits enfants ;
    Elle-même dort près d’eux.
    Tout bruit s’éteint… Seule, la jeune fille
    Et le rossignol veillent encore.

     

    MES PENSÉES, MES PENSÉES … (extrait)

     

    Mes pensées, ô mes pensées,
    Mes fleurs, mes enfants !
    Je vous ai élevées, je vous ai choyées,
    Que faire de vous maintenant ?
    Allez en Ukraine, mes enfants,
    Dans notre Ukraine,
    Comme les orphelins longeant des palis,
    Et moi, je mourrai ici.
    Là-bas vous trouverez un grand cœur
    Et des mots bienveillants,
    Là-bas vous trouverez la vérité,
    Et peut-être même la gloire…
     
    Accueille, ma tendre mère,
    Ô mon Ukraine,
    Mes enfants innocents
    Comme ton propre enfant.

    Saint-Pétersbourg, 1840
    Traduit par Darya Clarinard

      

     

    PEU M’IMPORTE !

    Peu m’importe
    De vivre ou non en Ukraine.
    Que l’on se souvienne de moi ou que l’on m’oublie,
    De moi dans ces neiges étrangères.
    Cela m’importe peu.
    En captivité, j’ai grandi avec des étrangers,
    Sans que les miens ne me pleurent,
    En captivité, en pleurant, je mourrai
    Et j’emporterai tout avec toi
    Ne laissant même pas une seule petite trace
    Dans notre glorieuse Ukraine,
    La nôtre – qui n’est plus notre propre terre.
    Et le père dans ses souvenirs,
    Le père ne dira pas à son fils : « Prie,
    Prie, mon fils : pour l’Ukraine
    Il fut torturé jadis. »
    Peu m’importe, si demain,
    Si ce fils priera, ou non…
    Mais ce qui m’importe réellement
    C’est de constater qu’un ennemi ignoble
    Endort, dérobe et consume l’Ukraine
    La volant et la violant …
    Ô, comme cela m’importe !

     

    Les Français sont avec vous de tout cœur amis ukrainiens.

     

     

  • À l'eau ou à l'huile

     

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    Sandro Botticelli – La naissance de Vénus, 1485, Palais des Offices, Florence

     

         Deux livres sur l’art viennent d’être publiés récemment. Deux célèbres peintres de la même période de l'histoire de l'art tiennent une place essentielle dans chacun des livres :

     

    Sandro Botticelli dans le livre de Christiana Moreau « La Dame d’argile » un roman historique qui nous entraîne dans la période artistique du Quattrocento italien. 

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    Jan Van Eyck dans une des nouvelles « Mariage italien à Bruges » de mon recueil : Deux petits tableaux – Si les œuvres parlaient.

     

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        Seulement un demi-siècle sépare les toiles de Jan Van Eyck en Flandres de celles de Sandro Botticelli en Italie. Et pourtant, les deux peintres utilisaient une technique de peinture bien différente : l’huile pour Van Eyck et la tempera pour Botticelli.

         C’est l’objet de mon étude.

     

     

         La période de la première renaissance fut un moment de bouillonnement artistique dans l’art européen du 15e siècle.

         Jusqu’à la fin du Moyen Âge, les peintres peignaient sur toile et sur panneau avec les techniques de la détrempe à l’eau, la tempera une préparation plus grasse à la colle de peau ou à base d’œufs, comme médiums pour les pigments.

         Dans les années 1480, Sandro Botticelli peignit à la tempera grasse Simonetta Vespucci, la reine de Florence, sa muse, dans plusieurs tableaux dont « La Naissance de Vénus » et « Le Printemps ».

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    Sandro Botticelli – Le Printemps, 1482, Palais des Offices, Florence

     

         Extrait de La Dame d’argile : « Ah ! Simonetta ! Le personnage féminin ! Peint six fois sur cette allégorie du printemps, démultiplié dans sa beauté. Elle encore dans la représentation de Flora, l’héroïne centrale à la robe parsemée de fleurs. Des fleurs qui poussent sous ses pieds nus à chaque pas. »

     

         Mais qui fut l’inventeur de la petite révolution que représenta la peinture à l’huile ?

     

         Des spécialistes font remonter cette découverte à un moine allemand prénommé Théophile au 11e siècle. Ils font également mention de peintures décoratives en France élaborées avec de fines couches de peintures à l’huile au 14e.

         Giorgio Vasari en parle longuement dans ses « Vies des peintres, sculpteurs et architectes » édité pour la première fois en 1550, ouvrage fondateur de l’histoire de l’art.

         Selon lui, un peintre flamand nommé Jean de Bruges (de son vrai nom Jan Van Eyck), fit des expériences sur diverses sortes d’huile pour composer des Vernis. Après de nombreux essais, il trouva le vernis que les peintres cherchaient pour remplacer la tempera qui ne les satisfaisait pas car séchant trop rapidement et ne permettant pas les retouches. Ce vernis à base d’huile de lin ou de noix donnait aux couleurs une grande solidité, souplesse, et les rendait brillantes.

         Sans créer vraiment la peinture à l’huile, Van Eyck porta cette technique à la perfection en ajoutant de l’essence de térébenthine comme solvant qui permettait en séchant à la peinture de durcir. Il fut le premier grand maître à peindre avec des couleurs à l’huile. Il mit en valeur une technique basée sur le « glacis » superposant de fines couches de couleurs délayées avec une plus grande quantité de liant. Sa toile la plus connue, celle dont je parle dans mon recueil, « Les époux Arnolfini », fut peinte à l’huile dans les débuts de la renaissance flamande à Bruges en 1434.

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    Jan Van Eyck – Les époux Arnolfini, 1434, National Gallery, Londres

     

        Extrait du recueil : « Maître Jan, cette peinture me plait ! Elle fait déjà des envieux parmi les bourgeois de la ville à qui je l’ai montrée. Vous avez su saisir l’instant solennel de notre mariage. La robe verte de Giovanna explose sur le tissu rouge du lit ! »

        Progressivement, la technique de la peinture à l’huile s’introduisit en Italie à partir des années 1470. Giorgio Vasari dans « Les vies » rapporte que le peintre Antonello de Messine entendit parler d’un tableau de Jean Van Eyck amené par des commerçants florentins et admiré dans le royaume. Il partit pour Bruges où Van Eyck, par amitié, lui confia ses procédés. Il s’installa ensuite à Venise et son secret se répandra dans toute l’Italie. Il sera un des premiers peintres italiens à reprendre le modèle du portrait de trois-quarts illustré par van Eyck, avec cadrage élargi.

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    Antonello da Messina – Le condottiere, 1475, Musée du louvre, Paris

     

         Avant de terminer cet article, je rajoute un polyptyque peint à l'huile sur bois de chêne en 1432, « L’agneau Mystique », le chef-d'œuvre des frères Van Eyck. Les deux frères travaillèrent durant 12 années sur ce retable composé de 24 panneaux encadrés offrant deux scènes différentes suivant sa position ouverte ou fermée.

     

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    Les frères Hubert et Jan Van Eyck – L’Agneau mystique ou L’agneau de dieu, 1432, Cathédrale Saint-Bavon, Gand

     

    Il a été restauré récemment. Le changement est spectaculaire dans le regard de l’agneau. Ces yeux rappellent ceux du Christ se plongeant dans ceux du spectateur.

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         Cette nouvelle technique de peinture à l’huile permettra au grands peintres de la Renaissance d’exprimer tout leur talent : les modelés vaporeux de Léonard de Vinci, les portraits de Titien, la grâce de Raphaël, la Sixtine de Michel-Ange…

     

  • Botticelli - La grâce

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    Sandro Botticelli – Printemps, 1485, Galerie des offices, Florence

     

    Les gros yeux clairs de Sandro Botticelli nous regardent fixement. Il a déposé sa signature sur la toile « L’Adoration des mages » :  à l’extrémité droite du tableau, un jeune homme en manteau orange, beau, front puissant, visage énergique, chevelure bouclée.

     

    Quelle incroyable période que celle de la première Renaissance, moment de bouillonnement artistique nouveau dans l’art européen du 15e siècle ! L’art pictural est à la croisée des chemins. Botticelli, doué d’une grâce aristocratique dans sa personne comme dans son art, va devenir l’orgueil de la ville de Florence.

     

    Une nouvelle technique voit le jour… Jusqu’à la fin du Moyen Âge, les peintres peignent à la détrempe à l’eau, la tempera, une préparation plus grasse à la colle de peau ou à base d’œufs comme médiums pour les pigments. L’inconvénient : elle sèche trop rapidement et ne permet pas les retouches.

    Seulement un demi-siècle, au 15e, sépare les toiles de Jan Van Eyck en Flandres de celles de Sandro Botticelli en Italie. Van Eyck, après de nombreuses expériences de vernis, est le premier grand maître à peindre avec des couleurs à l’huile. Il met en valeur une technique basée sur le « glacis » superposant de fines couches de couleurs à base d’huile de lin. Celles-ci acquièrent solidité, souplesse, et deviennent brillantes. Botticelli utilisera les deux techniques. Le plus souvent, il gardera la tempera, avec laquelle il produira ses plus beaux chefs-d’œuvre.

     

    Né en 1445 à Florence, Botticelli fait son apprentissage, à 15 ans, chez le maître Filippo Lippi, un fieffé coureur de nonne. Il s’inspire de celui-ci en peignant des jeunes femmes que les peintres aimaient représenter sous la forme de Madones.

    La plupart de ses tableaux de la première période montrent des Vierges à l’enfant à la maternité attentive, couverte d’un voile aérien, le regard tendrement incliné vers l’enfant.

     

    Je me souviens, lors d’une visite à Avignon, être resté longtemps devant sa magnifique « Vierge à l'Enfant » ou « Madone Campana », peinte en 1467 à l’huile : la Vierge, vêtue de ses traditionnelles couleurs rouge et bleue, tient l'Enfant sur les genoux. D’une main, elle caresse sa joue, avec l’autre elle s'apprête à lui donner le sein. Les formes apparaissent déjà plus douces, avec des attitudes plus complexes que dans les œuvres de Lippi.

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    Sandro Botticelli - La Vierge à l'enfant, 1467, petit palais, Avignon

     

     

    À la cour des Médicis à Florence, sous le principat de Laurent et Julien de Médicis, Sandro vient à la renaissance de toute son âme et de son génie. L’idéal de la beauté féminine est de plus en plus sa marque personnelle.

    Une femme est illustre par sa beauté dans Florence, la bien-aimée de Julien de Médicis : Simonetta Vespucci. J’ai rendu visite au portrait de Simonetta qui se trouve au château de Chantilly. Piero di Cosimo la peignit quelques années après sa mort en 1476 à seulement 23 ans, dans toute la grâce de son éternelle jeunesse. À ce sujet, je conseille fortement le livre de mon amie belge Christiana Moreau « La Dame d’argile » qui montre ce tableau en couverture et parle longuement de Simonetta dans son récit. J’en ai fait une critique sur Babelio.

     

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    Piero di Cosimo - Portrait-de-Simonetta-Vespucci, 1480, Musée Condé, Chantilly

     

    Sandro, amoureux virtuel, va faire vivre la jeune femme. En 1485, il peint à la tempera grasse cette reine de Florence, sa muse, dans deux toiles qui sont les plus célèbres du maître. Il est au sommet de son art. Laquelle est Simonetta dans cette superbe allégorie poétique du « Printemps » réunissant plusieurs femmes qui, toutes, pourraient lui ressembler ?

    Après 1480, toutes les représentations de femmes peintes par Botticelli laisseront la sensation de se trouver devant Simonetta qui est restée la femme de sa vie. Elle est éblouissante dans sa « Naissance de Vénus », dressée dans une conque marine, nue, la chevelure désordonnée.

    Les madones se multiplient dans l’œuvre du peintre. Il ne peut s’empêcher de faire preuve d’imagination en semant quelques fleurs sous les pieds de ses vierges et anges.

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    Sandro Botticelli - La naissance de Vénus, 1485, Galerie des offices, Florence

     

    J’ai fait une découverte dans ce livre. Je ne connaissais des fresques peintes pour décorer la chapelle Sixtine à Rome que celles, admirables, de Michel-Ange. J’ai appris que le pape commanda plusieurs autres scènes à divers peintres italiens dont Botticelli qui en peignit plusieurs tirées de l’ancien et nouveau testament. Mais ce travail ne joua qu’un rôle secondaire dans l’œuvre du peintre qui retourna vite à ses chères peintures de madones.

     

    La période finale du peintre est marquée par des dessins dantesques, noirs, inquiets, évoquant le purgatoire et l’enfer. Il s’est jeté dans la secte de Savonarole, troublé par une conversion à un christianisme sombre de ce moine qui crut à une mission divine, jusqu’au martyre. L’art de Botticelli s’altère et perd le charme qui faisait son génie. On peut le constater dans ses dernières œuvres dans lesquelles il renonce à la grâce sensuelle. Après sa mort miséreuse, en 1510, de nouveaux maîtres arrivent : Léonard de Vinci, Michel-Ange et Raphaël.

     

    Cette biographie sur Botticelli est somptueuse en qualité, autant par ses textes ciselés, bien documentés, cultivés, et son iconographie montrant sur papier glacé les œuvres majeures du maître. Il ne peut que tenir une place de choix dans une bibliothèque.

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    Je reste persuadé que sur son lit de mort, la dernière pensée de Sandro fut pour celle avançant vers lui, debout dans une coquille, inclinant un visage un peu triste, ses beaux yeux semblant dire : « pourquoi m’avez-vous ravie à la paix de l’abîme, à la fraîcheur divine de l’Océan ? »

     

     

  • Le roi des ciels - BOUDIN Eugène

     

    Faire éclater l’azur

     

     

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    Eugène Boudin –  Concert au casino de Deauville, 1863, National Gallery, Washington

     

          « Devant la nature, c’est à méditer qu’il faut s’exercer. De grands ciels puissants, profonds, vaporeux, légers, et, là-dessous, un morceau de la terre ou des bateaux, mais que ce soit grand, idéalisé, comme je l’entrevois. »  

                                                                                                            Eugène Boudin 

     

          « Sans connaître l’homme, je l’avais en grippe ». C’est ce que pensait Claude Monet à 17 ans en voyant la peinture d’Eugène Boudin, son aîné, âgé de 34 ans, un normand comme lui.

          Depuis plusieurs années déjà, Monet dessine, la plupart du temps des personnages qu’il affuble de figures grotesques. En fait, il caricature !  Il s’amuse beaucoup et, talentueux, il vend : 15 ou 20 francs suivant la tête du client. Le succès, si jeune, le grise.

          En 1858, c’est la rencontre.

          Au Havre, le papetier encadreur Gravier exposait conjointement dans sa boutique, les caricatures de Monet dont le talent faisait s’esclaffer toute la ville, et les paysages de Boudin. Il voulait organiser une rencontre entre les deux artistes.

          Boudin entre dans la boutique ou Monet examinait des toiles. Aussitôt l’encadreur fait les présentations. Boudin complimente le jeune Monet :

          - Quel coup de crayon ! Je regarde toujours avec plaisir vos croquis. Vous êtes doué. C’est enlevé, leste. Bravo ! J’espère que vous n’en resterez pas là. Apprenez à voir et à peindre, dessinez, faites du paysage.

          Devant l’obstination de Boudin, Monet, peu convaincu, accepte de venir peindre en plein air aux alentours du Havre, en bordure de mer. Des années plus tard, il racontera : « Quelle révélation ! Je fus illuminé. La lumière venait de jaillir. ». Il avait fait connaissance avec la peinture de l’instantanéité, de la fugacité des choses, de la brièveté du temps.

          « Si je suis devenu un peintre, c’est à Eugène Boudin que je le dois » reconnaîtra Monet.

         

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    Eugène Boudin –  Plage à Trouville, 1890, National Gallery, Londres

     

          Toute sa vie, Eugène Boudin restera le peintre des bords de mer. En face de la mer et du ciel, il étudie la traduction au plus juste des deux éléments. Il dit : " Nager en plein ciel, arriver aux tendresses des nuages, suspendre des nappes, au fond bien lointaines dans la brume grise, faire éclater l'azur ".

          Un jour, Corot, le peintre des paysages vaporeux, regarde longuement les marines de Boudin et lui dit : « Boudin, vous êtes le roi des ciels ».

     

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    Eugène Boudin –  La Meuse à Rotterdam, 1881, Musée d’Orsay, Paris

     

          Outre Corot et Claude Monet, curieusement, ce peintre de marines peu connu, va être encensé par deux artistes célèbres du moment, un poète, Charles Baudelaire, et un peintre, Gustave Courbet.

          Toujours au Havre, en 1859, comme avec Monet un an auparavant, Courbet découvre chez un marchand les marines de Boudin. Séduit, il demande à le rencontrer. Et le grand Courbet, le peintre de « Bonjour, monsieur Courbet » ou « Un enterrement à Ornans », va se lier d’amitié avec l’humble croqueur de nuages et de ports. Ils vont peindre ensemble sur le littoral des vues de la Manche. Courbet, enthousiaste, s’exclame : « Nom de Dieu ! Boudin, vous êtes un séraphin, il n’y a que vous qui connaissiez le ciel ! ».

     

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    Eugène Boudin –  L’entrée du port de Trouville, 1888, National Gallery, Londres

     

           Baudelaire est le scandaleux auteur des « Fleurs du mal » qui a été condamné à une amende pour outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs. Rien que ça… Ami de Courbet et virulent critique d’art, il va apprécier, au Salon de 1859, les marines pastellés de Boudin, et écrira : « A la fin tous ces nuages aux formes fantastiques et lumineuses, ces ténèbres chaotiques, […] ces fournaises béantes, ces firmaments de satin noir ou violet, fripé, roulé ou déchiré, […] toutes ces profondeurs, toutes ces splendeurs me montèrent au cerveau comme une boisson capiteuse… »

     

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    Eugène Boudin –  Coup de vent devant Frascati, 1896, Musée du Petit Palais, Paris

     

          Même Emile Zola reconnaissait en Boudin " son originalité exquise ". 

     

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    Eugène Boudin – Baigneurs sur la plage de Trouville, 1869, Musée d’Orsay, Paris

     

          En 1893, Boudin peint « La plage de Tourgéville ". La solitude n’est troublée par aucun premier plan et accroît ainsi l’immensité du ciel.

     

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    Eugène Boudin – La  plage de Tourgéville, 1893, National Gallery, Londres

     

           Eugène Boudin s’essaye à un nouveau genre : les plages de Trouville, Deauville, en peinture,boudin,trouvillefront de mer, avec des élégantes en crinoline, assises sur le sable, s’abritant du soleil sous leurs ombrelles, discutant sur la plage.

     

     

     

     

      

    Eugène Boudin – Scène de plage à Trouville, 1863, National Gallery of Arts, Washington

     

           « On aime beaucoup mes petites dames sur la plage » disait-il en riant.

     

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     Eugène Boudin – Scène de plage, 1862, National Gallery of Arts, Washington

     

           Le ciel est crépusculaire, rougeoyant, avec toujours la même rangée de personnages en front de mer.

     

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    Eugène Boudin – Scène de plage à Trouville, 1869, collection Thyssen-Bornemisza, Madrid

     

           Les ports. Lorsqu’il ne peint pas les plages, Boudin aime représenter les ports avec peinture,boudin,le havreleurs ciels houleux et changeants accompagnant de superbes navires toutes voiles dehors.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Eugène Boudin – Entrée du port du Havre, 1883, National Gallery of Arts, Washington

     

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    Eugène Boudin – Le bassin de l’Eure au Havre, 1885, Musée de l’ancien évêché, Evreux

     

           1874. Le grande révolution de la peinture impressionniste va naître à l’occasion d’une banale exposition de peintres indépendants, quasi inconnus, organisée dans les locaux du photographe Nadar, boulevard des capucines à Paris.

          Le fameux critique du Charivari, Louis Leroy, se moque d’un petit tableau de Claude peinture,boudin,monet,Le HavreMonet représentant un lever de soleil sur la mer que le peintre avait croqué de sa fenêtre d’hôtel devant le port du Havre. Une charmante toile avec un gros soleil rouge s’infiltrant au milieu des brumes et se reflétant dans l’eau. Monet ne sachant quel titre donner à « cette chose » pour le catalogue de l’exposition l’appela Impression, soleil levant. Ce joyeux critique, se croyant sans doute très drôle, eut ces mots ironiques : « Je me disais aussi puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l’impression là-dedans… ». Il titra d’ailleurs sa chronique « L’exposition des impressionnistes ».

          Le terme d’impressionniste était né et allait être adopté par les peintres se reconnaissant de cette mouvance. Ces avant-gardistes abandonnent les valeurs de l’art académique : modelé, contour, clair-obscur, perspective, pour peindre sur le motif la lumière changeante, avec des couleurs pures, une touche divisée qui capte les vibrations lumineuses, les émotions troubles, la fugacité des choses. La lumière est le principe actif de leurs œuvres. 

          Cette année là Eugène Boudin expose dans le groupe. Claude Monet l’a invité. Ses couleurs n’ont pas la vivacité de ses jeunes confrères. Ses marines sont peints dans une gamme de gris. Par la suite, il veillera à rester « indépendant », ne relevant pas d’écoles consacrées. Il tracera son sillon en solitaire.

     

          Boudin s’intéresse à la vie des gens simples : paysans, pêcheurs, lavandières. Dans leur vie quotidienne, il retrouvait ses origines modestes de fils de marin de Honfleur.

          peinture,boudin,« Je voudrais déjà être au champ de bataille, courir après les bateaux, suivre les nuages le pinceau à la main, humer le bon air salin des plages et voir la mer monter. […] Nous mangeons du poisson, de la crevette qui sort de l’eau et que de pauvres pêcheuses, trempées dessus et dessous, jupons collés aux jambes, nous apportent en passant. »  

    Eugène Boudin – Pêcheuses sur la plage de Berck, 1881, National Gallery of Arts, Washington

     

     

     

  • Concours de nouvelles « Quatre Lignes »

     

          J’avais hésité longtemps…

          Depuis plusieurs années, je publiais sur mon blog des récits, nouvelles courtes liées à ma passion pour la peinture, contées sur le ton de la fiction romanesque. J’avais également publié deux récits plus longs, romancés, inspirés par la vie et l'oeuvre des grands peintres hollandais Vincent Van Gogh et Johannes Vermeer.

          J’avais remarqué cette deuxième édition du concours de nouvelles « Quatre Lignes » sur le site de Patrick Fort « Lire, Ecrire, En parler ». La lauréate de la première édition avait été Sandrine Virbel avec son excellente nouvelle « Abattez les grands arbres ». Patrick Fort organisait le concours, conjointement avec les « Editions Le Solitaire » et le site « Les Scribouilles ».

          Je m’étais interrogé : « Qu’irais-je faire dans un concours de nouvelles ? »

          J’avais fini par me laisser tenter. J’avais remanié et rallongé une de mes nouvelles anciennes illustrant des toiles du peintre Auguste Renoir, lui avais donné pour titre « Rose », et l’avais envoyée.

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    Auguste Renoir : La danse à Bougival, 1883, Boston, Museum of Fine Arts

      

     

            Un jury d’auteurs, lecteurs et bibliothécaires vient de rendre le palmarès de ce concours : ma nouvelle "Rose" s'est vue accorder le deuxième prix.

     

          Ce résultat me touche. Rose que j'ai prévenue sans tarder, se joint à moi pour adresser nos remerciements aux membres du jury qui se sont laissés séduire par mon amie. Je félicite Sylvie Kaufhold qui a obtenu le premier prix avec sa nouvelle "Passeurs de lumière". J'ai vu sur son blog que son livre pour la jeunesse "Le monde d'Allia" a été édité, et lui souhaite un bel avenir.   

          J’ai une pensée admirative pour le peintre Auguste Renoir. Deux de ses toiles : « La danse à Bougival » et « La danse à la campagne » m’ont beaucoup influencé dans l’écriture de cette nouvelle.

          Suzanne Valadon, peintre et mère du célèbre artiste montmartrois Maurice Utrillo, a posé pour les deux tableaux de Renoir et m’a inspiré le personnage de « Rose ». Comment aurais-je pu trouver un plus joli modèle que cette jeune femme aux joues cramoisies, voltigeant indéfiniment sur un air de valse. A mes yeux, Rose symbolise ces femmes du peuple du 19e siècle, ouvrières, paysannes, dont la condition était dure. Emile Zola les décrivit avec une vérité inégalée dans son roman-fleuve « Les Rougon-Macquart ».

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     Auguste Renoir : La danse à la campagne, 1883, Paris, Musée d’Orsay

          

          Nous nous retrouverons prochainement, amis lecteurs, pour la suite des extraits choisis de la correspondance de Vincent Van Gogh qui s’était arrêtée au 31 août 1888, alors qu’il vivait et travaillait à Arles en Provence.

          A bientôt. 

                                                                                                          Alain

     

     

  • Les années Argenteuil

     

    Portrait : Claude Monet La femme à l’ombrelle, 1875 

      

     

         Claude Monet se plait à Argenteuil où il est installé avec sa récente femme Camille, ils sont mariés depuis à peine cinq années, dans une petite maison depuis l’hiver dernier. Il peint comme jamais jusqu’ici.

         Les années 1870 sont une grande mutation dans son art. Le peintre ne s’intéresse plus qu’à la lumière. Tout devient vibration. Le plein air est son unique atelier, son seul maître devient la nature. Son inventivité est extrême pour saisir le motif sous tous ses aspects, découvrir le ton qu’il n’avait pas perçu. Il pose de simples virgules de couleurs pures directement sur la toile. Son oeil a changé, il recompose le paysage qui est saisi avec les accidents que l’atmosphère lui donne. Il le réduit à l’essentiel.

         Monet peint quelque chose de nouveau. Sait-il lui-même ce qu’il peint…

         Comme Daubigny autrefois sur son atelier flottant le « Botin », il possède, lui aussi, un bateau-atelier qui lui permet de naviguer, de peindre l’eau, les berges, les ponts, les péniches. Tout ce qu’il voit l’inspire et l’éblouit…

         Argenteuil, la Seine, les jardins, fournissent à Monet d’innombrables sources d’émerveillement. Les ciels de l’artiste n’ont jamais été aussi bleus que ceux d’Argenteuil.

         Camille est sa joie de vivre. Il la surprend partout.

         Dans le jardin avec Jean, se plantant une fleur dans les cheveux…

       Seule, au détour d’une allée, à la fin d’une belle journée d’été au moment où les ombres prennent une teinte bleutée…

         Pensive, dans l’encadrement d’une fenêtre…

         Brodant devant un massif fleuri éclaboussé de tâches colorées… 

       Lisant, assise dans l’herbe sous les lilas, confondue dans la végétation…

         Devant un massif de glaïeuls…

     

     

     

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    Claude Monet – La femme à l’ombrelle, 1875, National Gallery of Art, Washington

     

     

         Par cette belle journée de l'été 1875, Claude Monet a choisi de croquer Camille vers les bords de la Seine. En pleine lumière, il pose des petites touches de couleurs qui vibrent entre elles.

        Une apparition ascendante nous est offerte… Celle-ci, peinte en contre-jour, est éclaboussée du bleu mauve du ciel parcouru de nuages jaunes et rosés qui s’effilochent en se regroupant curieusement autour de la jeune femme, comme pour la protéger. Il l’aime… Les rayons du soleil l’enveloppe…

       La gracieuse Camille debout sur un talus herbeux tient une ombrelle qui, comme son voile et sa robe, s’agite dans le vent. Tout n’est que mouvement : les plis de la robe se cabrent, la voilette agitée laisse percevoir le visage de celle qui nous regarde. Elle nous dit quelque chose ? Non ! Elle parle à Claude ! La pose est naturelle, instant fugace d’un regard de peintre.

        Elle ne va pas tarder à se retourner pour continuer son chemin, accompagnée de Jean son petit bonhomme qui marche à ses côtés.

     

      

  • Berthe Morisot à Orsay

     

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    Edouard Manet – Portrait de Berthe Morisot avec un éventail, 1874, Art Institute of Chicago

     

     

         Après la première rétrospective depuis 1941 de l’œuvre de Berthe Morisot présentée en 2012 au musée Marmottan Monet, le musée d’Orsay consacre, depuis le 18 juin dernier, sa première exposition de l’été à cette femme peintre exceptionnelle: Berthe Morisot 

        L’exposition du musée d’Orsay est d’une grande richesse. Près de la moitié des œuvres présentées proviennent de collections particulières, souvent jamais montrées au public.

       J’ai repris quelques-unes des images de l’article que j’avais fait en 2012 sur la brillante rétrospective du musée Marmottan. D’autres images de la meilleure qualité des toiles exposées à Orsay ont été rajoutées.

         Je passe devant vous. Vous me suivez…

     

     

       Berthe Morisot est une des artistes majeures de l’impressionnisme. Longtemps moins connue que Monet, Renoir, Pissarro ou Sisley, elle demeure à mes yeux la plus impressionniste du groupe des peintres impressionnistes. Sa touche est spontanée, nerveuse, vibrante, la toile est souvent laissée à nu, inachevée.

       Très indépendante, elle peignait à sa guise. Elle sera de toutes les expositions du groupe des impressionnistes, de la première en 1874 à la dernière en 1886. Elle ne manquera que la 4ème pour cause de naissance de sa fille. Longtemps seule au milieu de ses amis masculins, deux autres femmes viendront la rejoindre à partir de 1879 : Marie Bracquemond et l’américaine Mary Cassatt. En rapport avec sa féminité, son art était souvent qualifié de délicat, élégant, exquis, raffiné.

        Dès le début des années 1880, elle recevra les éloges des critiques et amateurs influents qui reconnaitront son originalité :

       « Elle pousse le système impressionniste jusqu’à l’extrême. »… « Mademoiselle Morisot est une impressionniste si convaincue qu’elle veut peindre jusqu’au mouvement des choses inanimées. » - Arthur Baignères.

         « Elle termine ses toiles en donnant de-ci de-là de légers coups de pinceaux ; c’est comme si elle effeuillait des fleurs… » - Théodore Durel.

        Quel beau compliment ! Le poète irlandais George Moore écrira après sa mort : « Ses toiles sont les seules toiles peintes par une femme qu’on ne pourrait détruire sans laisser un blanc, un hiatus dans l’histoire de l’art. ».

     

         Je ne ferais pas ici une longue description de la vie de Berthe que les admirateurs de l’artiste connaissent, je préfère parler de son art et des quelques toiles représentatives à mes yeux de son œuvre.

         Avec les paysages, la figure féminine demeurera toute sa vie son sujet préféré. Elle trouve ses modèles autour d’elle : sa sœur Edma, sa fille Julie, son mari Eugène, ses nièces, des amies, parfois des modèles professionnels. Elle les place au milieu des meubles où elle vit ou dans la nature.

     

         Sa fille Julie, née de son mariage en 1878 avec Eugène Manet, le frère d'Edouard Manet qui peindra Berthe de nombreuses fois, reste son modèle préféré :

         « C’est un petit chat, écrit Berthe à sa sœur Edma. Elle est toute ronde comme une boule avec des petits yeux qui pétillent et une grande bouche qui grimace. »

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    Berthe Morisot – Les pâtés de sable, 1882, collection particulière

         « Bibi » dort ou gazouille pendant qu’elle la peint. Durant 17 ans, jusqu’au décès de Berthe, elle sera représentée à tous les âges, à tous moments de la journée.

         Bibi a 5 ans. Sa silhouette lumineuse éclaire les vaguelettes laissées par la barque. peinture,musée d'orsay,impressionnisme berthe morisotQuelques cygnes librement brossés encadrent son fin visage.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Berthe Morisot – Sur le lac, 1884, collection particulière

     

         Deux ans avant son décès, Berthe peindra Julie jouant du violon. La grâce de la jeune fille est un mélange d’élégance et de volupté, avec la même sensualité réservée, la même part de mystère que sa mère exprimait à son âge.

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    Berthe Morisot – Julie au violon, 1893, musée Marmottan, Paris

     

         Elle ne représentera qu’un seul homme en peinture : son mari Eugène

       Berthe va peindre Eugène pour la première fois au cours de leur lune de miel en Angleterre, devant une fenêtre face à la mer. Celui-ci observe le spectacle de la rue. De somptueux effets de transparence des voilages et de la baie vitrée sont réchauffés par de menues taches de fleurs rouges.

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    Berthe Morisot – Eugène Manet à l’île de Wight, 1875, musée Marmottan, Paris

     

        Plus tard, elle le peindra à nouveau avec sa fille Julie dans le jardin de Bougival. C’est une de mes toiles préférées de l’artiste : scène intime entre le père et la fille, les deux amours de l’artiste. La toile est parcourue de vibrations colorées et de touches nerveuses multiples formant un ensemble de coloris roses et mauves.

     

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    Berthe Morisot – Eugène Manet et sa fille, 1881, musée Marmottan, Paris

     

        Les figures féminines sont multiples dans l’œuvre de Berthe. Quand elle ne peint pas Julie, elle ne cesse de peindre des jeunes filles.

       Elle fait poser Edma pour « La lecture » présentée à la première exposition impressionniste de 1874. La toile est fraîche, légère, aérienne comme une aquarelle.

     

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    Berthe Morisot – L’ombrelle verte ou La lecture, 1873, museum of art, Cleveland

     

    Dans cette même exposition du groupe impressionniste, elle présente une maternité « Le berceau » d’une sensibilité toute féminine : Sa sœur Edma est à nouveau représentée veillant sur sa fille Blanche.

     

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    Berthe Morisot – Le berceau, 1872, Musée d'Orsay, Paris

     

         A la 3ème exposition impressionniste de 1877, le « Bal au Moulin de la Galette » de peinture,musée d'orsay,impressionnisme berthe morisotRenoir concentre les regards. Berthe a choisi d’exposer une jeune femme qui s’habille face à un miroir « Le Miroir ou La Psyché ». Emile Zola parle de « l’une des perles de l’exposition ». La toile est frémissante, mouvante. « Berthe a l’art de faire vibrer le blanc dans toute sa pureté en le posant sur des gris légers. 

     

     

     

     

     

     

    Berthe Morisot – La psyché, 1876, musée Thyssen-Bornemisza, Madrid

     

         A la 5ème exposition de 1880, dans le même genre, figure « Femme à sa toilette » montrant une femme se coiffant devant sa psyché où elle se reflète. Il s’agit de ma toile préférée de l’artiste peinte dans des tons rose, gris, bleu, lavande. L'arrière plan est flou et se fond avec le dos joliment modelé laissant tomber la robe sur l’épaule gauche.

     

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    Berthe Morisot – Femme à sa toilette, 1875, Art Institute of Chicago

     

         Une jeune femme s'est installée assise dans une véranda après le déjeuner.

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    Berthe Morisot – A la campagne – Après le déjeuner, 1881, collection particulière

     

    Berthe peint souvent sa nièce, la fille de sa sœur Edma.peinture,musée d'orsay,impressionnisme berthe morisot

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Berthe Morisot – Paule Gobillard en toilette de bal, 1887, collection privée

     

         L’artiste entrera de son vivant dans un musée national avec la toile « Jeune femme peinture,musée d'orsay,impressionnisme berthe morisoten toilette de bal » achetée par l’Etat.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Berthe Morisot – Jeune femme en toilette de bal, 1879, musée d’Orsay, Paris

     

         Une fillette au tablier rouge est installée devant une fenêtre. Berthe balaie la fillettepeinture,musée d'orsay,impressionnisme berthe morisot et le décor de traits rapides à peine esquissés laissant apparaître le fond de la toile.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Berthe Morisot – Enfant au tablier rouge, 1886, Providence, Museum of Art, Rhode Island School of Design

     

         Dix ans avant sont décès, Berthe fait son « Autoportrait ». Elle a 44 ans. Ses cheveux rassemblés en catogan ont blanchi. Elle se peint sans indulgence. La touche est à la fois vigoureuse et légère. La toile ressemble à une sanguine, une esquisse. L’artiste recherche l’inachèvement. Une des fleurs sur le corsage jaune est « comme une décoration » dit Mallarmé.

     

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    Berthe Morisot – Autoportrait, 1885, musée Marmottan, Paris

     

         Avec les impressionnistes, le paysage va prendre une importance qu’il n’avait pas. L’étude de la lumière réduit le motif à un simple prétexte. Au milieu des Monet, Pissarro, Renoir… Berthe apporte une touche de charme, de distinction. « Elle est l’impressionnisme p

  • Genèse de l'impressionnisme

     

    2. Eugène Boudin Faire éclater l’azur

     

     

         Connu pour ses marines et ses scènes de plage, Eugène Boudin (1824-1898) fut l’un des premiers artistes français à poser son chevalet hors de l’atelier pour réaliser des paysages. Dans ses nombreux tableaux, il s’est tout particulièrement attaché au rendu des éléments et des effets atmosphériques. Ainsi, il a été l’un des initiateurs d’une vision renouvelée de la nature, précédant dans cette démarche les impressionnistes et son ami Claude Monet, qui écrivait à la fin de sa vie : « Je dois tout à Boudin ».

         Au fil des années, sa palette s’éclaircit et sa touche s’allège pour mieux restituer les reflets du ciel et de l’eau. Où qu’il soit, il peint des paysages en mouvement, dans une subtile harmonie de gris colorés. Véritable « roi des ciels », Eugène Boudin a su transcrire à la perfection des éléments aussi changeants que la lumière, les nuages et les vagues.

     

        Je ne pouvais illustrer mes articles consacrés au thème de la genèse de l’impressionnisme sans parler d’Eugène Boudin. Je présente donc à nouveau le compte-rendu consacré à ce précurseur de l’impressionnisme que j’avais publié lors de l’exposition « Eugène Boudin, le « roi des ciels » qui se tint du 22 mars au 22 juillet 2013 dans le charmant musée parisien Jacquemart-André. Il s’agissait de la première rétrospective à Paris de l’œuvre d’Eugène Boudin depuis 1899.

     

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    Eugène Boudin – Concert au casino de Deauville, 1863, National Gallery, Washington

     

    « Devant la nature, c’est à méditer qu’il faut s’exercer. De grands ciels puissants, profonds, vaporeux, légers, et, là-dessous, un morceau de la terre ou des bateaux, mais que ce soit grand, idéalisé, comme je l’entrevois. »

                                                                                          Eugène Boudin 

     

     

         « Sans connaître l’homme, je l’avais en grippe ». C’est ce que pensait Claude Monet à 17 ans en voyant la peinture d’Eugène Boudin, son aîné, âgé de 34 ans, un normand comme lui.

        Depuis plusieurs années déjà, Monet dessine, la plupart du temps des personnages qu’il affuble de figures grotesques. En fait, il caricature ! Il s’amuse beaucoup et, talentueux, il vend : 15 ou 20 francs suivant la tête du client. Le succès, si jeune, le grise.

          En 1858, c’est la rencontre.

       Au Havre, le papetier encadreur Gravier exposait conjointement dans sa boutique, les caricatures de Monet dont le talent faisait s’esclaffer toute la ville, et les paysages de Boudin. Il voulait organiser une rencontre entre les deux artistes.

        Boudin entre dans la boutique où Monet examinait des toiles. Aussitôt l’encadreur fait les présentations. Boudin complimente le jeune Monet :

         - Quel coup de crayon ! Je regarde toujours avec plaisir vos croquis. Vous êtes doués. C’est enlevé, leste. Bravo ! J’espère que vous n’en resterez pas là. Apprenez à voir et à peindre, dessinez, faites du paysage.

        Devant l’obstination de Boudin, Monet, peu convaincu, accepte de venir peindre en plein air aux alentours du Havre, en bordure de mer. Des années plus tard, il racontera : « Quelle révélation ! Je fus illuminé. La lumière venait de jaillir. ». Il avait fait connaissance avec la peinture de l’instantanéité, de la fugacité des choses, de la brièveté du temps.

         « Si je suis devenu un peintre, c’est à Eugène Boudin que je le dois » reconnaîtra Monet.

     

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    Eugène Boudin – Plage à Trouville, 1890, National Gallery, Londres

     

         Toute sa vie, Eugène Boudin restera le peintre des bords de mer. En face de la mer et du ciel, il étudie la traduction au plus juste des deux éléments. Il dit : « Nager en plein ciel, arriver aux tendresses des nuages, suspendre des nappes, au fond bien lointaines dans la brume grise, faire éclater l’azur ».

         Un jour, Camille Corot, le peintre des paysages vaporeux, regarde longuement les marines de Boudin et lui dit : « Boudin, vous êtes le roi des ciels ».

     

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    Eugène Boudin – La Meuse à Rotterdam, 1881, Musée d’Orsay, Paris

     

        Outre Corot et Claude Monet, curieusement, ce peintre de marines peu connu, va être encensé par deux artistes célèbres du moment, un poète, Charles Baudelaire, et un peintre, Gustave Courbet.

         Toujours au Havre, en 1859, comme avec Monet un an auparavant, Courbet découvre chez un marchand les marines de Boudin. Séduit, il demande à le rencontrer. Et le grand Courbet, le peintre de « Bonjour, monsieur Courbet » ou « Un enterrement à Ornans », va se lier d’amitié avec l’humble croqueur de nuages et de ports. Ils vont peindre ensemble sur le littoral des vues de la Manche. Courbet, enthousiaste, s’exclame : « Nom de Dieu ! Boudin, vous êtes un séraphin, il n’y a que vous qui connaissiez le ciel ! ».

     

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    Eugène Boudin – L’entrée du port de Trouville, 1888, National Gallery, Londres

     

         Baudelaire est le scandaleux auteur des « Fleurs du mal » qui a été condamné à une amende pour outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs. Ami de Courbet et virulent critique d’art, il va apprécier, au Salon de 1859, les marines pastellés de Boudin, et écrira : « A la fin tous ces nuages aux formes fantastiques et lumineuses, ces ténèbres chaotiques, […] ces fournaises béantes, ces firmaments de satin noir ou violet, fripé, roulé ou déchiré, […] toutes ces profondeurs, toutes ces splendeurs me montèrent au cerveau comme une boisson capiteuse… »

     

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    Eugène Boudin – Coup de vent devant Frascati, 1896, Musée du Petit Palais, Paris

     

         Emile Zola reconnaissait en Boudin « son originalité exquise ».

                            

        Lorsqu’il peint « La plage de Tourgéville, la solitude n’est troublée par aucun premier plan et accroît ainsi l’immensité du ciel.

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    Eugène Boudin – La plage de Tourgéville, 1893, National Gallery, Londres

     

        Eugène Boudin s’essaye à un nouveau genre : les plages de Trouville, Deauville, en front de mer, avec des élégantes en crinoline, assises sur le sable, s’abritant du soleil sous leurs ombrelles, discutant sur la plage.

     

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    Eugène Boudin – Scène de plage à Trouville, 1863, National Gallery of Arts, Washington

     

         « On aime beaucoup mes petites dames sur la plage » disait-il en riant.

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    Eugène Boudin – Scène de plage, 1862, National Gallery of Arts, Washington

     

         Le ciel est crépusculaire, rougeoyant, avec toujours la même rangée de personnages en front de mer.

     

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    Eugène Boudin – Scène de plage à Trouville, 1869, collection Thyssen-Bornemisza, Madrid

     

         Les ports. Lorsqu’il ne peint pas les plages, Boudin aime représenter les ports avec leurs peinture écriture,boudin,impressionnisme,monetciels houleux et changeants accompagnant de superbes navires toutes voiles dehors.

     

     

     

     

      

     

                 Eugène Boudin – Entrée du port du Havre, 1883, National Gallery of Arts, Washington

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    Eugène Boudin – Le bassin de l’Eure au Havre, 1885, Musée de l’ancien évêché, Evreux

     

        1874. Le grande révolution de la peinture impressionniste va naître à l’occasion d’une banale exposition de peintres indépendants, quasi inconnus, organisée dans les locaux du photographe Nadar, boulevard des capucines à Paris.

       Le terme d’impressionniste allait naître et être adopté par les peintres se reconnaissant de cette mouvance. Ces avant-gardistes abandonnent les valeurs de l’art académique : modelé, contour, clair-obscur, perspective, pour peindre sur le motif la lumière changeante, avec des couleurs pures, une touche divisée qui capte les vibrations lumineuses, les émotions troubles, la fugacité des choses. La lumière est le principe actif de leurs œuvres.

         Cette année là Eugène Boudin expose dans le groupe. Claude Monet l’a invité. Ses couleurs n’ont pas la vivacité de ses jeunes confrères. Ses marines sont peints dans une gamme de gris. Par la suite, il veillera à rester « indépendant », ne relevant pas d’écoles consacrées. Il tracera son sillon en solitaire.

     

         Boudin s’intéresse à la vie des gens simples : paysans, pêcheurs, lavandières. Dans leur vie quotidienne, il retrouvait ses origines modestes de fils de marin de Honfleur.

         « Je voudrais déjà être au champ de bataille, courir après les bateaux, suivre les nuages le pinceau à la main, humer le bon air salin des plages et voir la mer monter. […] Nous mangeons du poisson, de la crevette qui sort de l’eau et que de pauvres pêcheuses, trempées dessus et dessous, jupons collés aux jambes, nous apportent en passant. »

     

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    Eugène Boudin – Pêcheuses sur la plage de Berck, 1881, National Gallery of Arts, Washington

     

         « Fixer quelque chose de ce qui passe », disait Berthe Morisot. Eugène Boudin aurait pu également s’approprier cette phrase.

     

     

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    Eugène Boudin – Sur la plage de Trouville, 1887, National Gallery of Arts, Washington

     

  • Une famille dans l'impressionnisme

     

    Rouart

     

    « Ce monde de la peinture, j’ai eu beau tenter de le fuir, tout m’y ramenait. D’abord mes souvenirs. Presque tous les membres de ma famille peignaient, avec une ardeur farouche, une passion qui me semblait parfois maladive. »

     

         Je repose le livre dans un angle de mon bureau. Une onde de plaisir me parcourt encore. De nombreuses toiles de la période impressionniste que j’admirais depuis longtemps dans les musées, expositions, ou monographies, je les ai retrouvées à nouveau en feuilletant les pages imprimées sur papier photo grand luxe.

     

     

         Une monographie familiale. L’académicien Jean-Marie Rouart nous entraîne dans une histoire qui débute au milieu du 19e siècle avec ses deux arrière-grands-parents Henri Rouart et Henry Lerolle, peintres et collectionneurs, et se poursuit avec leurs nombreux descendants. La plupart des chefs-d’œuvre présentés dans le livre, l’auteur les a connus en liberté, objets familiers qu’il a pu contempler accrochés sur les murs des différentes maisons familiales. Aujourd’hui, ils sont dispersés dans des musées ou collections aux quatre coins du monde.

       Par mariages ou amitiés, la famille Rouart a côtoyé les plus grands noms qui traversèrent l’impressionnisme et la littérature : Manet, Berthe Morisot, Degas, Renoir, Valéry, Mallarmé…  Du beau monde !

     

         Le meilleur ami de l’arrière-grand-père Henri Rouart, peintre et industriel, était Édgar Degas. « Degas était au centre de la passion familiale et le trait d’union entre toutes les familles qu’il avait approchées. » Il fit huit portraits de son ami, le plus connu le représente de profil en chapeau haut de forme devant ses usines.

     

    Rouart, Degas

    Édgar Degas - Henri Rouart devant son usine, 1875, Carnegie museum of art, Pittsburgh

     

         Paul Valéry décrit Degas : « fidèle, étincelant, insupportable, anime le diner, répand l’esprit, la terreur, la gaieté. »

     

        L’hôtel particulier d’Henri Rouart, rue de Lisbonne à Paris réunissait une formidable collection : 47 Corot dont les magnifiques « Dame en bleu » et « La parisienne », les « Répétition de danse » de Degas, 8 Courbet, des Daumier, Delacroix, Millet, Gauguin, Chardin, Cézanne, « La brune aux seins nus de Manet, le « Bois de Boulogne » de Renoir, et tant d’autres… Toutes ces œuvres avaient été acquises entre 1870 et 1900. Les œuvres peintes par Henri Rouart y figuraient aussi.

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    Camille Corot - La Dame en bleu, 1874, musée du Louvre, Paris

     

         « Un chat. Tante Julie, qu’on appelait aussi Mamaïta, ressemblait à un chat. »

        J’ai beaucoup apprécié cette partie du livre consacrée à Julie Manet, la fille de Berthe Morisot. Sa mère peignait constamment « Bibi ». Durant 17 ans, jusqu'au décès de Berthe en 1895, elle est représentée à tous les âges, à tous moments de la journée. Le pinceau de l'artiste a une infinie tendresse lorsqu'elle peint l'enfance.

        Jean-Marie Rouart connut, adolescent, sa tante Julie qui vivait au milieu des chefs-d’œuvre de l’impressionnisme. Elle peignait pour communier dans la ferveur de sa mère. Les toiles de Berthe Morisot, de son oncle Édouard Manet, et de nombreux autres, étaient rassemblées dans son musée où elle habitait : « Berthe Morisot au bouquet de violettes », « Berthe Morisot et sa fille » et le « Portrait de Julie Manet » de Renoir.

     

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    Auguste Renoir - Julie Manet ou L'Enfant au chat, 1887, musée d'Orsay, Paris

     

         Les dernières toiles de Julie adolescente peinte par sa mère avant son décès étaient présentes également : « Julie au violon » et « Julie Manet et son lévrier Laerte ».

     

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    Berthe Morisot - Julie Manet et son lévrier Laerte, 1893, musée Marmottan Monet, Paris

     

        Paul Valéry et Stéphane Mallarmé faisaient partie de la famille de cœur des Rouart. Valéry était marié avec une cousine de Julie Manet. « J’aimais Valéry comme on aime une étoile, et il n’est nul besoin d’être le fils de cette étoile pour l’aimer, elle appartient à tous, comme toutes les autres étoiles qui brillent dans le ciel », disait Jean-Marie Rouart.

     

        L’avant-dernier chapitre du livre est consacré au grand-père de Jean-Marie, Louis Rouart qu’il qualifiait de coureur de jupons, sans œuvre : « Ce grand-père, je l’aimais tel qu’il était. J’aimais ses yeux malicieux, son horreur de la médiocrité, son fanatisme pour l’art, sa passion pour les femmes et l’Italie. Nous partagions un vice commun, cet amour des livres. » Louis était marié avec Christine Lerolle. J’ai apprécié de revoir sur la jaquette du livre le charmant petit tableau des sœurs Lerolle de Renoir qui est au musée parisien de l’Orangerie : « Yvonne et Christine Lerolle au piano ».

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    Auguste Renoir - Yvonne et Christine Lerolle au piano, 1897, musée de l'Orangerie, Paris

     

       « Les tableaux de mon père, les natures mortes, les paysages, exprimaient un bonheur que je n’avais jamais vu ni sur son visage, travaillé par l’angoisse, ni dans sa vie. » Plusieurs des toiles du père de Jean-Marie, Agustin Rouart, terminent le livre. Ému, Jean-Marie Rouart repense à ce père : « Mon père. Quel long chemin j’ai fait pour le rejoindre. » Il évoque sa mère : « Un portrait de lui en particulier me plaisait et me troublait, celui de ma mère allongée sur un grand dessus de lit jaune, à demi nue, la tête dans ses mains comme si elle pleurait. »

     

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    Augustin Rouart – Lagrimas y penas, collection particulière

     

     

         Je me suis plongé avec délice dans cette vaste fresque de la famille Rouart accompagnée de documents, photos, et tableaux de grande qualité.

     

     

  • Léonard de Vinci au Louvre

     

         500 ans déjà...    

        Le Louvre se devait de frapper fort à l’occasion du cinq centième anniversaire de la mort de Léonard de Vinci en 1519 au château du Clos-Lucé près d’Amboise.

       La vision du catalogue m’a impressionné. Magnifique ! : lourde couverture cartonnée dans des tons bruns chauds, et le regard enjôleur de « La Belle Ferronnière » qui me fixe intensément. Troublant...

     

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        Que dire de cette exposition que je viens de visiter juste avant sa fermeture ? Les adjectifs sont trop faibles pour la décrire : remarquable, superbe, éblouissant…

       Rien moins que 150 œuvres sont rassemblées : dessins, peintures, objets d’art, manuscrits, venant des plus grands musées dans le monde. Une occasion unique de voir onze tableaux (avec "La Joconde") du maître sur la vingtaine qui lui est attribuée.

         La plupart des oeuvres proviennent de la collection du Louvre, la plus importante au monde : 5 tableaux et 22 dessins.

         Le Louvre a réussi l’exploit ! Les commissaires de l’exposition, Vincent Delieuvin et Louis Franck, en se livrant à une étude fondée sur les documents et textes conservés, ont permis aux visiteurs de s’approprier le parcours de vie de ce génie universel, depuis ses débuts à 13 ans lorsque son père le fit, à Florence, entrer dans l’atelier du peintre et sculpteur Andrea Del Verrocchio, jusqu’à ses derniers jours en France.

     

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    Andrea del Verrocchio - Publius Cornelius Scipion, 1467, louvre

     

       La « Joconde », trop fragile, est restée douillettement installée dans sa salle habituelle où les visiteurs la dérangent constamment en ne cessant de la mitrailler pour l’immortaliser. Elle devrait porter plainte... Elle en a vu d’autres…

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    Léonard de Vinci - La Joconde, 1503, musée du Louvre, Paris

     

     

         Je parcoure les salles au petit trot. L’intimité du maître m’est offerte. Sa présence est constante. On se sent humble devant un tel génie universel.

     

         Je passe rapidement sur la partie consacrée à la science. Léonard de Vinci était curieux de tout : peinture, poésie, musique, mathématiques, anatomie, hydraulique, astronomie, botanique, architecture ou géologie. Jusqu’à la fin de sa vie, il rédigera des notes regroupées dans des codex. À Amboise, avant de mourir, il les confiera à son disciple Francesco Melzi qui les ramènera en Italie. L’exposition montre de nombreuses feuilles originales issues de ces codex qui nous restituent la science léonardienne. Le célèbre "Homme de Vitruve" est également présent. Immense travail ! Il est aisé de comprendre pourquoi Léonard nous laissa si peu de tableaux, pour la plupart inachevés ou non terminés.

     

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    Léonard de Vinci – L’homme de Vitruve, 1510, Galerie de l'Académie, Venise

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    Léonard de Vinci – Aile mobile, Codex Atlanticus 

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    Léonard de Vinci – Vol des oiseaux dans le vent, 1505, Codex Atlanticus 

     

         Je me concentre sur les peintures.

        « (…)bre 1478, j’ai commencé les deux Vierge Marie ». Il semblerait que Léonard, alors qu’il est encore chez Verrocchio, ait ébauché la conception de deux peintures de Vierge à l’enfant. De superbes études pour une « Madone au chat » font regretter qu’il n’existe pas de peinture autographe.

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    Léonard de Vinci – Etude pour la Madone au chat, 1478, British Museum, Londres

     

         L’exceptionnelle « Madone Benois », peinte sur bois, envoyée par le musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, est présente dans l’exposition. À mes yeux, il s’agit du premier chef-d’œuvre du peintre : le sourire joyeux de la femme à son enfant ensorcèle les visiteurs attroupés devant l’œuvre.

     

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    Léonard de Vinci – Madone Benois, 1480, musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg

     

         Les quatre toiles du maître appartenant au Louvre sont évidemment les plus admirées par les visiteurs.

     

    LA VIERGE AUX ROCHERS

          Ce grand tableau, sombre, mériterait la restauration que les trois autres ont subie  récemment.

         À 30 ans, en 1483, Léonard est très demandé. Il a obtenu la commande pour une chapelle de Milan de ce grand tableau qui est l’élément central d’un retable. Il en existe une deuxième version à la National Gallery à Londres.

        Le tableau forme une pyramide harmonieuse. Dans une grotte, la vierge Marie est entourée d’un ange souriant soutenant l’enfant Jésus assis sur un rocher. Celui-ci fait face au très jeune saint Jean le Baptiste agenouillé en prière. Dans une atmosphère crépusculaire en clair-obscur l’artiste joue sur les ombres et non les contours. Il s’agit déjà du fameux « sfumato » qui va le rendre célèbre. Ce style rompt avec la production florentine à la mode.

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    Léonard de Vinci – La Vierge aux rochers, 1483, musée du Louvre, Paris

     

    LA BELLE FERRONNIÈRE

          Restaurée en 2015, après la Sainte Anne, les belles couleurs chaudes ont été conservées.

          Le regard en oblique de la femme qui est devant moi m’interroge : en plaine période de la Renaissance, elle présente une nouvelle approche dans l'histoire du portrait. Vêtue d’une robe rouge à l’emmanchure ornée de rubans, elle est tournée de trois-quarts, mais, curieusement, sa tête s’oriente de l’autre côté, comme si quelque chose avait soudainement retenu son attention. Son regard m’observe étrangement. Cette femme si séduisante me met mal à l'aise...

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    Léonard de Vinci –La belle ferronnière, 1498, musée du Louvre

     

    SAINTE ANNE

         Avec le « Saint Jean Baptiste », elle termine l’exposition. À mes yeux, il s'agit de la plus belle des cinq toiles que possède le Louvre.

       Commencée en 1501, à Florence, l’artiste méditera sur le thème de la « Sainte Anne » jusqu’à la fin de ses jours. Avec le « Saint Jean Baptiste » et la « Joconde », il traversera les Alpes avec elle lors de sa venue en France en 1516. La tendance de Léonard, novatrice, à laisser ses peintures inachevées, apparaît, surtout dans le paysage rocheux en fond.

       Grâce à sa récente restauration, nous pouvons contempler à nouveau, comme la voyait Léonard avant de mourir, cette scène familiale : assise sur les genoux de sa mère Sainte Anne, la Vierge abaisse son regard avec un sourire bienheureux sur l’enfant Jésus qui joue avec l’agneau symbolisant son futur sacrifice. 

    peinture,louvre,léonard de vinci La toile a retrouvé ses transparences dans les robes et les voilages, ses teintes vives et froides. Les bleus de lapis-lazuli et les rouges violacés s’expriment à nouveau.

     

     

     

     

     

     

     

     

         L’exquis modelé des figures apparaît dans son état de fraicheur initialpeinture,écriture,louvre,léonard de vinci

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Léonard de Vinci –La Sainte Anne, 1513, musée du Louvre

     

    SAINT JEAN BAPTISTE

         La date exacte de sa conception n’est pas connue.

        Sur un fond sombre, le prophète apparaît comme un jeune éphèbe avec ce sourire radieux à la Léonard, lumineux, tourné légèrement de trois quarts, le bras droit levé vers le ciel.

        Restauré en 2016, des vernis anciens non enlevés totalement ont laissé la teinte des chairs très chaude. Les femmes devaient s'arracher ce beau jeune homme…

     

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    Léonard de Vinci –Saint Jean Baptiste, 1513, musée du Louvre

     

         Je suis resté un long moment devant un dessin qui serait le premier dessin (connu) de l’artiste : « Paysage de la vallée de l’Arno ». Il a inscrit la date de 1473, à 21 ans. 

     

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    Léonard de Vinci – Paysage de la vallée de l'Arno, 1473, Gabinetto Disegni, Florence

     

         D’autres dessins et études du maître m’ont réjoui par leur virtuosité : les draperies de jeunesse de Léonard lorsqu’il était élève chez Verrocchio, le magnifique dessin d’une étude de figure pour l’ange de la Vierge aux rochers, et tellement d’autres.

     

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    Léonard de Vinci – Etude pour sainte Anne, 1500, National Gallery, Londres

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    Léonard de Vinci – Tête de femme dite La Scapiliata, 1505, Galerie Nationale, Parme

     

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    Léonard de Vinci – Etude de figure pour l'ange de la Vierge aux rochers, 1490, Bibioteca Reale, Turin

     

     

     Ouf ! Léonard m'a épuisé ! L'émotion est toujours présente...