Claude Monet - Femme au jardin, 1867, Musée de l'Érmitage, Saint-Pétersbourg
De nombreux amateurs d’art se souviennent encore de l’exposition Claude Monet qui a battu des records de visiteurs au Grand Palais en 2010. J’y étais. Près de 200 toiles du chef de file du mouvement impressionniste étaient réunies. La Réunion des musées nationaux voulait un catalogue à la hauteur de la manifestation. Le résultat est superbe, relié sous jaquette, 385 pages. Un pavé ! Difficile à lire s’il n’est pas posé à plat !
Je prépare un travail d’écriture sur la première femme du peintre, la douce et discrète Camille. Je ressors donc ce gros catalogue et, surprise, je m’aperçois qu’il n’a pas été remarqué sur Babelio. Je me devais de faire quelque chose, d’autant plus que son prix actuel, lorsque l’on ne craint pas le poids, est particulièrement attractif pour ce très beau livre d’art présenté sur papier mat. Les toiles que j’avais admirées dans le musée m’apparaissent en très grand format, impressionnantes.
La plupart des tableaux connus par les admirateurs de Claude Monet sont présents. Curieusement, j’ai lu par ailleurs plusieurs critiques sur la mauvaise qualité des reproductions contenues dans le catalogue. Je le feuillète consciencieusement. Désolé pour les grincheux, mais nous ne devons pas avoir le même livre ! Toutes les toiles que j’admire depuis longtemps sont de qualité et les commentaires sont bien rédigés.
Claude Monet – Impression soleil levant, 1872, Musée Marmottan, Paris
La star de l’impressionnisme « Impression, soleil levant », qui n’était pas dans l’exposition, est bien dans le catalogue avec son soleil orangé se reflétant dans l’eau du port du Havre. Monet le guettait de sa chambre d’hôtel face au port très tôt le matin.
Claude Monet – Nymphéas (détail), 1906, Art Institute of Chicago
Les magnifiques « Nymphéas », sur une double page intérieure, correspondent bien à ma vision des immenses panneaux regroupés dans les salles du musée de l’Orangerie à Paris. Monet avait promis à son ami Georges Clemenceau d’en faire don à la France après sa mort en 1926. Des explications claires et détaillées accompagnent chaque panneau. L'harmonie picturale des fameux « Nymphéas » est bien présente : symphonie des couleurs, saules pleureurs trempant dans l'onde, reflets des nuages et éclats du soleil primesautier, vibrations des feuillages dans l'eau troublée par le vent, lumière volage. Les yeux fatigués de Monet fouillaient inlassablement l’horizon liquide : la ligne d’horizon était supprimée, la perspective disparaissait, les formes se dissolvaient. Seul Monet était capable de rendre ce fouillis aquatique de façon aussi réaliste, souvent proche de l'abstraction.
Claude Monet – La Femme à la robe verte, 1866, Kunsthalle Museum, Bremen
Camille m’apparait, magnifique dans « La Femme à la robe verte ». Une expression coquette emplit son beau visage. Sa longue robe trainante à bandes noires et vertes s’écroule en larges plis souples. Dans « La Capeline rouge », sa capeline vermillon sur la tête la fait ressembler à un père Noël. Assise dans l’herbe sous les lilas, « La Liseuse » se confond dans la végétation, sa robe rose est parsemée de paillettes de lumière.
Claude Monet – La Grenouillère, 1869, Metropolitan Museum of Art, New York
Les éblouissants reflets sur la surface ridée de l’eau de la « La Grenouillère » sont composés de larges touches de couleurs pures, bleus cernés de noirs, soulignés de minces trainées de jaunes et de roses. Les taches colorées lumineuses se disloquent en touches géométriques brisées s’encastrant les unes dans les autres comme une mosaïque.
Claude Monet – Cathédrale de Rouen, 1874, National Gallery of Art New York
Les séries peintes à partir des années 1890 sont un gros travail fait par Monet pour montrer des meules, peupliers et cathédrales. Tout au long de la journée, il les étudie, sous différents angles, à différentes heures de la journée. Une belle double page intérieure montre les « Cathédrales de Rouen », que Monet peignait face à la cathédrale. Au fur et à mesure de l’avancement du soleil, il changeait de toile, guettant la moindre modification de lumière sur les vieilles pierres.
Claude Monet – Les dindons, 1877, Musée d’Orsay, Paris
Les fabuleux « Dindons », immenses, se promènent toujours en toute liberté dans le grand parc. Montrer des animaux de basse-cour n’était pas recherché par les clients lorsque Monet les peint. Lumineux, le soleil accroche leurs plumages blancs teintés d’un jaune clair somptueux par endroit et d’un étonnant rose pointillant les contours.
Quel plaisir de revoir ces toiles ! Monet reproduisait toute cette beauté qui l’entourait. « Regarde la nature et peins ce que tu vois, comme tu peux. », donne-t-il comme unique conseil à Blanche, sa belle-fille, qui plante souvent son chevalet à ses côtés.
Les grincheux auront tort, car, à part quelques toiles moins bien présentées, je n’ai vu que d’excellentes reproductions qui font de ce catalogue un des plus beaux livres d’art consacré à l’œuvre de Claude Monet.
Cela ferait un magnifique cadeau qui trouverait facilement sa place au pied du sapin de Noël. Ne surtout pas l’accrocher sur ses branches…